La capitale nigérienne accueillera demain, samedi 06 juillet 2024, le premier sommet des chefs d'État de l'Alliance des États du Sahel (AES). À cette occasion, les présidents des transitions burkinabé, le capitaine Ibrahim Traoré, et malienne, le colonel Assimi Goita, sont attendus à Niamey cet après-midi, vendredi 05 juillet, où un accueil des grands jours leur sera réservé par leur homologue nigérien, le général de brigade Abdourahmane Tiani. Lors de ce sommet inaugural, les trois chefs d'État vont concrétiser et impulser la dynamique nécessaire à la nouvelle organisation de coopération et d'intégration que les dirigeants des trois pays du Sahel central, actuellement dirigés par des transitions militaires, ont lancée en septembre dernier, peu avant d'annoncer leur retrait du G5 Sahel et surtout de la CEDEAO.
C’est le premier Sommet des Chefs d’Etat de l’AES mais aussi la première visite officielle des Présidents des transitions burkinabé et malienne au Niger. Un double évènement donc auquel les autorités de transition nigérienne qui le qualifient « historique » veulent imprimer d’un cachet particulier et pour l’occasion, des appels à la mobilisation ont été lancés à la population par les autorités mais aussi par des organisations de la société civile, pour sortir massivement réserver un accueil chaleureux et des grands jours, ce vendredi après-midi à l’aéroport Diori Hamani de Niamey et le long du parcours jusqu’au Palais présidentiel, aux « leaders révolutionnaires », le capitaine Ibrahim Traoré et le colonel Assimi Goita, ainsi qu’aux délégations qui les accompagnent.
C’est demain, samedi 06 juillet 2024, que se tiendra le Sommet inaugural des Chefs d’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), la nouvelle organisation portée sur les fonds baptismaux le 16 septembre 2023 par les Présidents nigérien, malien et burkinabé, avec la signature de « La Charte du Liptako-Gourma ». Depuis une série de rencontres au niveau des experts, des chefs d’état-major des armées, des ministres et mêmes des Premiers ministres des trois pays, se sont succédées à Bamako, Ouagadougou et Niamey. Des rencontres qui ont permis d’élaborer l’architecture institutionnelle avec l’adoption des premiers textes et de la configuration des organes ainsi que les grandes orientations de la nouvelle organisation de coopération et d’intégration des payas du Sahel central dirigés actuellement par des transitions militaires.
Défense, sécurité, coopération, diplomatie, économie et développement
Parmi les grandes décisions annoncées et qui seront discutés par les Chefs d’Etat à Niamey pour des décisions finales, la création d’une Confédération des Etats du Sahel, la mise en place d’une Force militaire et d’un état-major conjoint entre les armées des trois pays ainsi que la création d’une banque d’investissement ainsi que d’un fonds de stabilisation commun et même d’une compagnie aérienne commune.
A Niamey donc, il est attendu de ce premier Sommet des chefs d’Etat, les premières décisions permettant d’opérationnaliser l’AES notamment le pays du siège, les différents organes ainsi que la configuration institutionnelle pour que l’organisation puisse véritablement démarrer ses activités. S’il est encore très tôt pour attendre la désignation des premiers responsables de l’AES, l’attente est forte surtout au niveau des organisations de la société civile soutenant les régimes militaires sur des sujets sensibles comme la création de la nouvelle monnaie qui consacrera la sortie de la zone franc et donc du Franc CFA et par conséquent de l’UEMOA.
Lors de ce premier Sommet, les Présidents Tiani, Goita et Traoré vont également se pencher sur la situation sécuritaire et politique dans les trois pays et particulièrement les mesures à prendre pour contrer les menaces sécuritaires dans la zone dite des trois frontières où les Groupes armés terroristes (GAT) notamment l’Etat islamique au Sahel (EIS, ex EIGS) et le JNIM (affilié à Al-Qaeda) continue de mener des attaques meurtrières contre les positions des forces de défense et de sécurité (FDS) mais aussi les populations civiles avec des zones entières qui se trouvent sous leur coupe réglée avec les conséquences humanitaires désastreuses qu’elles engendrent.
La coopération économique ainsi que la diplomatie sera également au menu de ce premier Sommet surtout avec la nouvelle orientation géopolitique et stratégique prise par les trois pays qui se ont progressivement pris leur distance des anciens alliés occidentaux comme la France ou les Etats-Unis, pour se rapprocher davantage de nouveaux partenaires à l’image de la Russie et de l’Iran.
Au delà de ces décisions, c’est plus le symbole d’une nouvelle organisation en marche que le Sommet de Niamey va concrétiser. Les trois pays avaient, en effet, annoncé en février dernier, leur « retrait avec effet immédiat » de l’organisation sous-régionale d’intégration, la Cédéao, après avoir mis fin auparavant à leur présence comme membres du G5 Sahel, créée en 2014 avec la Mauritanie et le Tchad.
Il convient d’ailleurs de noter que ce premier sommet des Chefs d’Etat de l’AES se tient à la veille d’un Sommet des Chefs d’Etat de la Cédéao, prévu dimanche à Abuja, au Nigeria. Au sein de la Cédéao, la main reste toujours tendue et des médiations sont envisagées pour faire revenir le Niger, le Mali et le Burkina sur leur décision de se retirer de l’organisation même si pour les régimes militaires au pouvoir à Niamey, Ouagadougou et Bamako, la décision est « irréversible ».
A.Y.Barma (actuniger.com)