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Politique

Niger-UE : Niamey rappelle à l’ordre, Bruxelles rappelle son ambassadeur

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On tend à nouveau vers un bras de fer entre Niamey et Bruxelles. En effet ce samedi 23 novembre 2024, l’Union Européenne (UE) a rendu public, sur son site, un communiqué dans lequel, entre autres, elle rappelle son ambassadeur accrédité à Niamey en consultation.


C’est là sa réplique à un autre communiqué, sorti la veille, émanant du Ministère des Affaires Etrangères du Niger.
En effet, dans son communiqué du 22 novembre 2024, Niamey fustige l’attitude de l’UE dans la gestion d’une aide de 1,3 millions d’euros qu’elle lui a octroyé, de façon tout à fait volontaire, sans que le Niger ne lui en fasse la demande. Le communiqué nigérien fustige l’attitude de l’UE qui a « de manière unilatérale procédé à l’affectation de cette subvention aux ONG, notamment le Comité International de la Croix Rouge (CICR), la Danish Refugee Council (DRC) et Cooperazionne Internationale (COOPI) au mépris des principes de transparence et de bonne collaboration avec les autorités nigériennes compétentes qui doivent guider la gestion de l’assistance humanitaire ». « Pire, l’ambassadeur (de l’UE) a procédé arbitrairement à la répartition par région de ladite subvention », peut-on lire dans ce même communiqué qui conclut que « l’Etat du Niger a décidé de commanditer un audit sur la gestion des fonds » ici concernés et « appelle l’Union Européenne à procéder à un audit pour savoir l’usage et la destination réels des sommes allouées aux ONG concernées ».

Il n’y a pas là de quoi fouetter un chat, dira-t-on, de surcroit pour une institution comme l’UE qui fait de la transparence son crédo. Alors qu’est-ce qui peut bien expliquer l’ire de Bruxelles qui se devait, au contraire, se féliciter, de l’attitude de Niamey à y voir clair et à se rassurer de la destination de l’aide ? En quoi, une démarche visant la transparence peut-elle être qualifiée « (d)’instrumentalisation de l’aide humanitaire à des fins politiques » ? L’instinct de condescendance quand tu tiens encore Bruxelles ! Dans un contexte de ‘’lutte souverainiste’’ au Sahel, l’UE a choisi la mauvaise méthode de sa politique humanitaire au Niger. Ne pas associer les autorités du pays à la gestion de cette aide, c’est faire de la provocation. S’opposer à leur demande de vouloir commanditer un audit est ce qu’il y a de plus suspicieux quand elle (l’UE) sait que Niamey ne fait pas totalement confiance à certaines ONG internationales qu’elle soupçonne de complicités ou d'intelligence avec ses ennemis intérieurs et extérieurs. Tout ce qui l’a amenée, le 12 novembre dernier, à décider du retrait des autorisations d’exercice en territoire nigérien à ACTED (ONG française) et Action Pour le Bien-Être (ONG locale).


Au regard de ce qui précède et à moins de cacher d’autres motivations, l’UE doit mettre de l’eau dans son vin. Quant aux autorités nigériennes, elles se devaient de redéfinir, de façon plus clair, les textes régissant la gestion de l’aide humanitaire, afin de lever tout équivoque. Une gestion de l’aide humanitaire dans le respect de la souveraineté et dans la transparence, ce qui permettra, d’une part, d’associer les autorités compétentes et de l’autre de rassurer les bonnes volontés manifestées que leurs donations sont allées aux vrais destinataires, voilà ce qu’il faut et ce n’est pas diable.


Il faut noter que depuis le renversement du régime du président Bazoum en juillet 2023 à la suite d’un coup d’Etat, l’UE, soit disant, très pointilleuse sur la question de la démocratie qui vient ainsi de perdre un allié stratégique au Sahel ne gobe les nouveaux visages à la tête du Niger. Avec les deux figures de proue que sont la France et l’Allemagne, les relations avec le Niger ne sont pas au beau fixe. Elles sont dans un état exécrable avec Paris qui fut obligée non seulement de faire partir ses troupes stationnées depuis de nombreuses années dans le pays du Général Abdourahamane Tiani (le nouvel homme fort) mais aussi de fermer son ambassade. Les allemands qui jusqu’à une date récente gardaient des relations normales avec Niamey ont fini eux aussi par revoir les contours de leur coopération. Au sein de l’UE, c’est l’Italie qui, pour le moment, fait office de bon ami du Niger. Et, Rome continue à faire montre d’une compréhension avec Niamey tout en jouant ses intérêts, en se gardant bien évidemment de ne pas se mêler de ce qui ne la regarde pas.


Oumarou Kané, le Hérisson