Démocratie au Sahel: Cette leçon qui nous vient du Sénégal
Par ces temps qui courent, il n’est pas aisé de parler de démocratie au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), de peur de subir le courroux des détracteurs de ce modèle de gouvernance ‘’importé’’ de l’occident, tant il n’a pas porté les espoirs attendus. La démocratie est-elle vraiment inadaptée à nos réalités comme le prétend une opinion de plus en plus large ?
La réponse nous vient du Sénégal où ce modèle de gouvernance dit importé vient de faire le bonheur de tout un peuple. Il n’y a pas plus beau que ce qui vient de se manifester au sortir des législatives anticipées du dimanche 18 novembre 2024, qu’avant même la proclamation officielle des résultats, l’opposition reconnut sa défaite et félicita son vis-à-vis. Certes, l’alternance ainsi réalisée au pays de la Teranga a connu ses moments douloureux avec ses violences et son cortège de morts à la veille de la présidentielle de mars 2024 mais n’est-ce pas là le prix à payer pour obtenir le changement tant voulu par le peuple sénégalais qui lui permettra de tracer la voie de sa prospérité. ‘’On ne peut rien gagner sans perdre. Même le paradis exige la mort’’ ; Dixit le célèbre physicien allemand Albert Einstein.
L’exemple de l’alternance politique au Sénégal par le choix souverain du peuple est la preuve que la démocratie est un modèle conçu pour toute l’humanité, quitte à en respecter les règles et les principes sacro-saints.
Alors qu’est-ce qui fait que qu’elle (la démocratie) marche bien au Sénégal et piétine jusque-là au Mali, au Burkina Faso et Niger avec des remises en cause répétitives et cet éternel recommencement ? Degré de maturité politique ? C’est là un premier critère déterminant. Il y en a d’autres : l’héritage des pionniers politiques ; le niveau de participation de l’élite intellectuelle aux grands débats politiques ; le respect par les femmes et hommes politiques des textes de leurs partis qu’ils ont eux-mêmes élaborés et adoptés ; le rôle primordial des partis dans la formation et la sensibilisation de leurs militants ; le choix des personnes représentatives dans les instances de prise de décision ; le respect et l’application des lois et règlements en vigueur ;… Ce sont là autant des choses qui n’ont certainement pas marché dans nos démocraties. Ce sont là des choses à baliser en cette ère de refondation et non à réinventer la démocratie pour soi-disant l’adapter à nos réalités. En 30 ans d’exercice démocratique, quelle réadaptation n’avions-nous pas essayé ?
Oumarou Kané