Niger/Transition: Les héritiers de l’idéologie ‘’Après moi le déluge’’ préparent-ils la chienlit ?
Ces derniers temps, ça va et ça vient dans tous les sens sur les réseaux sociaux avec des publications à résonnance d’avertissement aux autorités de la Transition.
Qu’est ce qui peut bien expliquer ce semblant de levée de boucliers pendant que le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et le Gouvernement donnent formes et contenus aux aspirations du peuple. S’il faut objectivement faire le bilan du Général Tiani Abdourahamane du 26 juillet 2023 à aujourd’hui, il n’a pas à rougir de ses actions.
Son coup d’Etat lui-même aura été le plus pacifique réalisé dans l’histoire politique du Niger, sans le moindre coup de feu, en dehors des tirs de sommation sur des manifestants hostiles aux abords de la présidence ayant engendré des blessés légers.
Quant à son engagement d’inscrire ses actions dans la droite ligne des aspirations du peuple, le Général Tiani Abdourahamane est en train de les tenir un à un. Pour preuves : le départ des forces militaires étrangères, c’est acté ; la fin des contrats léonins, c’est fait, dira-t-on avec le retrait du grand gisement d’uranium d’Immouraren retombé dans le patrimoine minier national ; le respect de notre souveraineté, gare à celui qui ose le toucher.
Quoi encore comme aspirations du peuple qui n’aient été prises en compte ? La lutte contre l’insécurité et le retour de la paix sur l’ensemble du pays ? Pari, certes, difficile, au regard des défis énormes, tout de même le continuum sécuritaire tient la route, le Niger faisant toujours office de maillon fort dans la poudrière sahélienne. Selon plusieurs témoignages recueillis près des populations locales de la région de Tillabéri, cette année, le déploiement massif des forces de défense et de sécurité aura permis à des nombreux villages de s’adonner à leurs activités champêtres, dans une relative quiétude. Il faut s’en féliciter.
La réduction de la cherté de la vie, le fonctionnement régulier des services publics et leur accessibilité aux couches les plus vulnérables ainsi que la recherche de la souveraineté alimentaire ne sont pas en reste dans cette gouvernance du CNSP. On peut citer : la réduction de 50% des tarifs de plusieurs soins de santé et la gratuité de la dialyse ; la réduction du prix du litre d’essence à la pompe, de la tonne de ciment et des frais d’immatriculation des motos ; l’interdiction de l’exportation des céréales et la fixation de leurs prix sur les différents marchés du pays afin de contenir l’inflation ; l’approvisionnement continu du pays en certains produits de première nécessité importés de l’extérieur, l’accompagnement de la filière riz à travers le retour de la subvention à la société Riz du Niger (RINI) ayant permis l’accessibilité de cette céréale désormais rentrée dans les habitudes alimentaires des Nigériens ; le paiement régulier des salaires des fonctionnaires de l’Etat, des pécules des contractuels, des bourses aux étudiants et des allocations aux élèves, dans un contexte d’asphyxie financière et de sanctions économiques ayant duré 7 mois d’affilée.
Au regard de ce qui précède, rien ne peut justifier la montée des colères à laquelle on assiste qui ressemble fort à une veille de chienlit. La résistance observée lors du déguerpissement des occupants anarchiques de la voie express longeant les alentours du Grand Marché de Niamey, ce mercredi 20 novembre 2024 nourrie par des slogans violents en dit long sur les motivations malsaines cachées. Pourtant ce n’est pas là le premier déguerpissement du même genre opéré en cette ère de transition sans que cela donne lieu à des réactions épidermiques. Pour vu aussi que tout ce que l’œil vigilant regarde et l’esprit affiné perçoit à travers certains faits, pour ainsi dire des grèves perlées dans les secteurs sociaux de base (santé et éducation) et toutes ces publications critiques des héritiers de l’idéologie « Après moi, le déluge » ne soit qu’une simple coïncidence de calendrier. Alors vigilance au CNSP et au peuple nigérien !
Ibrahim Mohamed