
Le Niger a inscrit depuis longtemps au cœur de ses priorités la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) et la promotion de la santé et des droits sexuels et reproductifs. L’étude sur l’ampleur et les déterminants des VBG démontre l’existence de violences multiformes qui se caractérisent par une prévalence fluctuant selon certaines variables sociodémographiques comme le sexe, l’âge, le niveau d’instruction, l’activité économique, le lieu de résidence, le sexe du chef de ménage et la taille du ménage.
La prévalence nationale des VBG, tous types et tous sexes confondus est de 29,0%, soit respectivement 38,2% chez les femmes et 16,3% chez les hommes », selon, l’étude sur l’ampleur et les déterminants des violences basées sur le genre réalisée en 2021.
Les femmes et les filles sont également exposées aux grossesses non désirées et ou précoces. Et une fois contractées certaines victimes décident de ne pas les porter jusqu’au terme. Bien que la question de l’avortement soit strictement encadrée par la loi et pénalisée dans les cas non cités par la loi, sa pratique illégale est encore d’actualité au Niger. Selon une étude de l’INS en 2022, les avortements induits sont pratiqués presque tous les jours sans aucun matériel médical adéquat et dans des conditions néfastes pour les femmes. Malgré les restrictions légales de l’avortement au Niger, l’enquête de PMA réalisée par l’INS a trouvé qu’il y a eu environ 5 avortements pour 1000 femmes de 15 à 49 ans au Niger en 2022, soit 27 504 avortements induits sur un an. Aussi, plus de 9 avortements sur 10 sont non sécurisés. Les femmes non mariées et vivant en milieu rural ayant le plus de chances d’avoir un avortement non sécurisé. Cette situation révèle une certaine dichotomie entre les dispositions législatives en vigueur et la réalité, car les femmes contournent les lois afin d’arriver à leurs fins au péril de leur vie.

Pour alerter et mettre les acteurs en contribution afin de mieux sensibiliser sur les risques et les dangers de cette pratique, la Coalition des Acteurs pour le Repositionnement de la Planification Familiale (CAR/PF) a organisé une journée de partage des résultats de l’enquête PMA sur l’avortement au Niger à l'endroit des membres de l’Association Nationale des Infirmier(e) du Niger (ANIN).
L’atelier de dissémination des résultats de l’étude Performance Monitoring for Action (PMA) sur l’avortement visait à partager des informations essentielles sur les réalités de l’avortement au Niger, tout en renforçant les connaissances des membres de l’Association Nationale des Infirmier(e)s du Niger (ANIN). Cet atelier a également servi de cadre pour discuter des enjeux juridiques, sociétaux et médicaux liés à l’avortement, avec une volonté commune de trouver des pistes de solutions adaptées aux besoins des populations.
Jaharou Mamane, L'Indépendant