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Mali/Transition/Choguel Maïga : Genèse du limogeage d’un Général sans étoiles

Écrit par Direct niger. Affichages : 214Publié dans Tribune & Opinion

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La crise qui couvait au sommet de l’Etat malien depuis pratiquement deux ans vient d’apparaitre au grand jour. Entre le Premier Ministre Choguel Kokalla Maïga et l’appareil militaire de la transition, la relation qui ne tenait, il y a quelques heures seulement, qu’à un fil, s’est finalement rompu.

Tombera ou ne tombera pas ? A l’allure des événements, on n’était pas loin de la fin des haricots pour le natif de Tabango (cercle d’Ansongo, région de Gao), descendant à la 16e génération de Sonni Ali Ber. Depuis son alerte à ses troupes, le 16 novembre dernier, dans l’antre du Centre International de Conférence de Bamako, les médias d’Etat sont lâchés à ses trousses. Interdiction formelle de couvrir ses activités dans les médias d’Etat, selon ce qui s’est dit. Diffusion en boucle des communiqués anti-Choguel dans ces mêmes médias appelant à sa démission ou à son limogeage. Ça, au moins, c’est sûr puisque ce fut visible sur l’ORTM.


Celles et ceux qui s’attendent à le voir jeter l’éponge ont dû attendre, car jusqu’à la dernière seconde, il s’est gardé de le faire, ne laissant qu’un seul choix aux Généraux étoilés de Bamako, celui de l’éjecter. Lâcheté ? Courage ? Stratégie politique ? Signe de dépit ? Chacun est allé de son interprétation et de son commentaire sur son attitude.
Histoire, sans doute, de prouver à toutes ces voix qui sont montés à son encontre, vociférant et déversant sur lui tant d’insanités qu’il est dur à cuir, Choguel Kokalla Maïga a présidé le mardi 19 novembre 2024, veille de son éviction, le conseil de cabinet, l’instance gouvernementale qui réunit tous les ministres, sans exception y compris les étoilés Sadio Camara (en charge de la Défense Nationale), Ismael Wagué (en charge de la Réconciliation Nationale, de la Paix et de la Cohésion Sociale) et Abdoulaye Maïga (en charge de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation). Ces deux-là s’étaients-ils présentés ?


Tenez ! C’est précisément par ce dernier (Abdoulaye Maïga) que le mal est arrivé à Choguel. En effet, depuis que ce proche du président Assimi Goïta a assumé son intérim pendant sa maladie, Choguel n’a plus retrouvé, à son retour à la Primature, la plénitude de ses fonctions perdant du coup l’essentiel ses prérogatives et son autorité. Les mauvaises langues racontent que le même Abdoulaye Maïga aurait une fois claqué la porte en plein conseil de cabinet présidé par Choguel foulant ainsi aux pieds les principes sacro-saints du respect à la hiérarchie, sans qu’il ne soit rappelé à l’ordre. Choguel aura supporté cette insubordination, tout comme il avait bu la couleuvre de l’arrestation, courant mars de cette même année en cours, de son conseiller et proche Boubacar Karamoko Traoré, signataire d’un mémorandum accablant la Transition et reprochant la mise à l’écart du Premier Ministre dans certaines prises de décision importantes. Le report des élections décidé unilatéralement par les « 5 Etoilés de Bamako » à son insu, aura été donc la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.


Lui qui a tant donné (ses talents de tribun hors pair) et tout sacrifié à la Transition (ces amitiés au sein du M5RFP et à l’extérieur volées en éclats pour ses prises de position tranchées et sans retenue) qu’est-il finalement devenu ? Un pestiféré ? Ce n’est pas faux, fera remarquer un de ses admirateurs. Même pas une simple médaille pour lui le patron de l’insurrection populaire d’août 2020 ayant conduit à la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keita pendant que ses « compagnons d’infortune » de la Transition avec lesquels il partage toutes les « prouesses réalisées » se sont rétribués à coups d’étoiles. Voilà si vous voulez la pensée de Choguel Maïga. Pour l’exprimer à ses partisans, c’est en tenue militaire, disons en Général sans étoiles, qu’il s’est présenté, réclamant insidieusement sa part de gâteau.


Point ici pour nous une quelconque intention de chercher à l’accabler mais c’est là malheureusement sa perception du pouvoir. L’on se souvient de ses prises position avant sa nomination au prestigieux poste de Premier Ministre en avril 2021, tirant à boulets rouges sur la junte militaire. Puis lorsqu’est arrivée la consécration, pirouette et girouette, il retourne ses critiques contre ses anciens amis du M5RFP les accusant de vouloir saboter la Transition. C’est à cet exercice dans lequel il est visiblement à l’aise qu’il s’est livré à nouveau ce samedi 16 novembre 2024, à la vieille recette de Machiavel : le Président Assimi Goïta est bon, il faut le respecter et le préserver ; Par contre, il y a ceux qui sont en train de trahir la Refondation, notamment cette administration ayant délivré plus de 100 nouveaux récépissés de création de partis politiques (C’est le Ministre en charge de l’Administration Territoriale qui est ici visé) en porte-à-faux avec les recommandations des Assises Nationales ; d’où la nécessité de réajuster la Transition, au risque de voir le peuple se révolter.


Disons les choses terre à terre. C’est d’un appel de pied à l’insurrection à peine voilée qu’il s’est agi dans le speech du Premier Ministre de ce samedi 16 novembre 2024. Heureusement pour lui que la fin de son aventure à la tête de la primature s’est limitée à un limogeage. Du moins pour l’instant.


Oumarou Kané