Dans un communiqué publié lundi 08 juillet 2024, l’ONG Aghirin’man a suggéré aux autorités de transition de faire un audit sur la fermeture de la Cominak ainsi que sur les cinquante (50) ans d’exploitation de l’uranium au Niger. Après avoir brossé un tableau sombre de l’exploitation des ressources minières tant pour le pays que pour les populations locales, l’ONG a aussi plaidé pour l’organisation d’un forum national ou des états généraux sur l’exploitation des ressources minières de notre pays afin d’envisager tous ensemble un avenir minier. En intégralité, le communiqué de l’ONG basée à Arlit et signé par son président Almoustapha Alhacen.
Communiqué de presse de L’O.N.G Aghirin’man sur l’exploitation de l’uranium et du charbon au Niger
Depuis plus d’un demi siècle, les multinationales exploitent de l’uranium au Niger notamment les mines de la Somaïr et de la Cominak par la multinationale C.E.A devenue Cogema puis Areva et pour l’instant Orano. L’espoir et la confiance que cette exploitation a suscité chez les populations étaient grands.
Comme tout le monde le sait, cette période consacrait l’exploitation de l’uranium avec l’électricité du charbon produit par la Sonichar. En terme simple, nous exploitons notre charbon pour produire de l’électricité qui sert à exploiter notre uranium qui produit de l’électricité pour l’Europe. Pendant ce temps, nous, nous sommes toujours dans l’obscurité parce que dit-on, nous n’avons pas les moyens de produire notre électricité et de produire l’eau potable en quantité et en qualité pour la ville d’Arlit.
Cinquante (50) ans durant, aujourd’hui la mine de la Cominak est totalement fermée et a produit 75.000 tonnes d’uranium multipliée par 50 milliards de FCFA en moyenne, avec le triste héritage millénaire de radioactifs de plus de vingt (20) millions de tonnes de résidus et un risque de contamination des nappes d’eau dans la région ou même le pays, 1600 travailleurs en chômage avec 20.000 personnes en charge. La description du bilan est un remuage du couteau dans cette blessure que rien ne saurait traiter.
Au cours du mois de Juillet 2024, deux permis d’exploitation à savoir celui d’Imouraren (Orano) et celui de Goviex à Madawela ont été retirés par le CNSP et le gouvernement et, remis dans le domaine public.
Cette décision courageuse et salutaire doit être soutenue et encouragée par tous les Nigériens et elle justifie que nous avons fait le bilan du demi-siècle d’exploitation de l’uranium. Les partenaires à qui les permis ont été retirés ont le devoir et l’obligation de comprendre cette décision.
De toutes les manières, la manière dont ces partenaires ont exploité l’uranium ne leur permet plus de continuer car regardez l’état de la Sonichar, une société au bord du gouffre ; regardez nous dans ces rebellions récurrentes et ce terrorisme imposé et importé et peut être même financés par nos propres ressources ; regardez-nous, nous sommes les plus pauvres de la terre disent-ils.
Ce bilan est le vôtre et acceptez-le partenaires pour qu’il vous serve au nom de toutes les vertus que vous défendez. Le Niger est une victime martyrisée.
C’est dans ce contexte que nous suggérons au CNSP et au gouvernement de :
- faire un audit sur la fermeture de la Cominak ;
- un audit sur les cinquante ans d’exploitation de l’uranium ;
- Organiser un forum national ou des états généraux sur l’exploitation des ressources minières de notre pays afin d’envisager tous ensemble un avenir minier.
Encore, il faut rappeler à ceux qui sont en cours de mise en œuvre de leur projet d’exploitation de mines ( Somaïr, Somina, Somida…) doivent tirer les leçons de ce passé douloureux.
Enfin, nous suggérons à tous les partenaires de s’engager sérieusement aux côtés du Niger dans le respect tout en sachant qu’aucun contrat ne sera comme celui d’avant ou inférieur à celui d’avant.
Fait à Arlit, le 8 juillet 2024
Le président
Almoustapha Alhacen