Accusations d'abus sexuels dans le taekwondo en Côte d'Ivoire: Mariama Cissé témoigne

Écrit par Direct niger. Affichages : 108Publié dans Culture & Sport

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Depuis un an, des accusations d’abus sexuels au sein d'une Fédération ivoirienne de taekwondo ont plongé le deuxième sport du pays dans la crise. Mariama Cissé, une des victimes présumées, livre son témoignage.

Mariama Cissé a failli tout arrêter. Cette talentueuse taekwondoïste médaillée de bronze aux Championnats d'Afrique 2022 a été mise à l'écart de la sélection ivoirienne après avoir refusé les avances de l'entraîneur de l'équipe nationale. « Les refus, ça n'a pas joué en ma faveur, témoigne-t-elle. J'ai commencé à être mise à l'écart, ç'a coupé mon élan. Je ne comptais plus dans l'équipe nationale, j'étais remplacée ». La jeune femme explique n'avoir à ce moment-là « personne à la Fédération pour régler mon problème. J'ai compris que je n'aurais pas une place dans l'équipe nationale si je ne cédais pas à ce coach-là. J'ai arrêté le taekwondo. Je ne partais plus à l'entraînement. »

Mariama Cissé priée de s'excuser
C'est ainsi que Mariama Cissé est remplacée pour les Championnats d'Afrique de novembre 2023 qui se sont déroulés à Abidjan. Sauf que sa remplaçante n'est pas apte à se présenter sur les tatamis, la place lui revient donc à nouveau. À une seule condition : qu'elle s'excuse auprès de son entraîneur pour partir sur de nouvelles bases. « Chose que j'ai refusée parce que je ne lui ai rien fait », martèle Mariama Cissé, qui explique se retrouver alors dans un environnement « toxique », avec des « abus », dans une ambiance où elle est ignorée.

La vice-championne nationale chez les -57 kilos décide de porter plainte pour harcèlement sexuel et abus de pouvoir un mois plus tard. Dans la foulée, la fédération réagit, limoge l'entraîneur en question ainsi que le directeur technique national. Une commission spéciale d'investigation est alors menée et une confrontation a même lieu entre l'entraîneur et l'athlète. Et puis, Mariama Cissé n'a plus eu de nouvelles. « Je veux que la fédération et le ministère en fassent plus, parce que je ne veux pas que d'autres personnes vivent la même chose, appuie la taekwondoïste. Le mettre à l'écart ça ne veut rien dire. Ça va continuer s'il n'y a pas de sanction ».

Une fédération qui connaît d'autres scandales
En septembre dernier, une nouvelle plainte pour harcèlement sexuel a été déposé par le père d'une athlète de 17 ans contre le nouvel entraîneur de l'équipe nationale. Elle est intervenue après un stage de cohésion d'équipe chez les juniors, réunis pour l'occasion à Bouaké, du 5 au 8 septembre. Durant celui-ci, l'entraîneur aurait proposé des massages intimes à plusieurs des taekwondoïstes mineurs, venus pour se préparer pour les Championnats du monde juniors à venir. Depuis, la fédération est en crise et reprend doucement ses activités après que son siège a été fermé, et les entraînements, compétitions et passages de grades reportés.

Entretemps, le président élu en 2022, Jean-Marc Yacé a dissous le comité directeur de la fédération. Mais en octobre, plusieurs membres statutaires de l'instance ont convoqué une assemblée générale extraordinaire pour juger de la gouvernance de Jean-Marc Yacé, qu'ils ont destitué. Finalement, la justice a donné raison au président normalement élu. Selon l'instance, l'entraîneur limogé en décembre aurait été mis en examen et l'affaire renvoyée auprès du tribunal correctionnel d'Abidjan. Un procès doit donc avoir lieu. Mariama Cissé s'est reconstruite au sein de l'académie Lvolution à Abidjan. Elle a continué de s'entraîner dans ce club qui l'a accueillie et espère désormais devenir championne d'Afrique.

RFI