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La lumière d’un speech accablant...

Écrit par Direct niger. Affichages : 55Publié dans Tribune & Opinion

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Ceux -comme nous- qui sont allés à l’école dans les années soixante-dix et bien en deçà, se rappellent très bien l’intransigeance de nos valeureux et honorables enseignants de l’époque : ils n’acceptaient en rien les accrocs faits à la langue et punissaient sévèrement les adeptes et autres abonnés aux fautes de grammaire, de conjugaison et d’orthographe. Ainsi, nous préférions et apprécions plus -bien évidemment- les moments de la dictée préparée à ceux de la dictée dite classique. Dans la séance de dictée préparée, toutes les subtilités et autres traitrises de la langue étaient fouillées par le maître ; il suffisait simplement de les mémoriser et d’attendre le moment de s’exécuter. Bref, c’était l’apaisant moment de faire du «njàngum gumba (excusez-moi du terme) ; tari loo xamalul tus, lu dul xammee».

Entouré de six journalistes -triés sur le volet (sic…)-, notre jeune Président a récité sa leçon, fait son speech pendant deux bonnes heures. Mais qu’en retenir ?

Ceux qui espéraient des réponses précises qui interpellent sur la vie nationale, le quotidien du sénégalais lambda, continueront amèrement de rester sur leur faim. Point de «Projet structuré» ! Ce fameux «Projet» tant vanté et vendu au Peuple (il fallait même le protéger au péril de nos vies) n’est en réalité que du vent, de la carambouille, un typhon de «naxee mbaay». Bref, passons.
Que nous arrive-t-il ? Est-ce un Sénégal devenu subitement aphone en totalité ? Mais pourquoi ?

Où se cachent nos universitaires, nos fameuses sentinelles de la Société civile, nos fabuleux hommes de presse qui, jadis, ne laissaient passer aucun manquement, aucune violation des règles constitutionnelles et administratives sans faire barrière avec une production intellectuelle critique, destinée à faire reculer le délirant coupable. Ces hommes de «transparence proclamée orbi et urbi» peuvent-ils accepter d’être gouvernés dans une opacité programmatique totale ? Cautionnent-ils ces tâtonnements burlesques, ces reniements incessants, ce discours lassant et cassant sans remuer le simple petit doigt ?
Le Président nous a donné des réponses laconiques sur des redondances sans intérêts réels : audits, impôts, détournements de fonds publics, etc.
Des sujets sur lesquels (si cela est avéré), on n’a pas besoin de communiquer mais plutôt d’agir tout bonnement. Et sur les questions de l’heure, tus, nada. Aidé en cela par six journalistes qui l’ont subi plus qu’il ne les a sentis.

La crise casamançaise, la plus vieille du monde, devait interpeller le nouveau régime, car cette terre mérite la paix et la reconstruction. La jeunesse, qui se «suicide» au fond de l’océan, réclamait qu’on lui montre la voie du salut ; le brave Peuple sénégalais se demande toujours en quoi il est gouverné et quel est l’utilité des eurobonds et autres levées subites de fonds alors que le Fmi affirme que nous sommes en surliquidité.

Le Président aurait dû nous dire pourquoi il n’y a pas eu d’appels à candidatures par exemple, car le reniement est pire que le blasphème.

En dehors de la Mauritanie, de la Gambie et de la Rci (où vivent et travaillent de fortes communautés sénégalaises), que nous ont rapporté les voyages de Son Excellence dans les pays de l’Aes et en France ? Que pense-t-il de sa ministre des Sports et de la culture qui boycotte la finale de la Coupe du Sénégal (simple question de souveraineté rekk nak) pour aller faire la courtisane à l’ambassade de France afin d’accueillir un footeux de ce pays ? Pourtant, depuis que nous entendons «France dégage», nous pensions que l’ère des courbettes était révolue. Xalaas !

La renégociation des contrats du pétrole et du gaz, et des autres richesses du sous-sol ne valait-elle pas des explications plus claires ? Nous savons tous que pour y arriver, nous devons y laisser des plumes. Jusqu’à quel niveau alors ? Quel est le prix à payer pour ces opérations ? Nous méritons de savoir…

Le seul «Projet» qui existe en réalité est celui de mettre Koromack sur le fauteuil de Président de ce pays. Son Excellence ne s’en est pas cachée cette fois-ci. Elle a été limpide comme eau de roche. Notre Président se sent vraiment redevable et doit rendre la monnaie de la pièce qui lui a été prêtée.

Il est trop tôt (trois petits mois) pour faire le bilan de son gouvernement, mais ce laps de temps lui suffit pour nous balancer à la figure que Koromack le grand, le majestueux, est le meilleur Pm de l’histoire de ce pays. C’est à rendre jaloux le grand et illustre Maodo, Abdou Diouf le pétillant, Habib Thiam le sobre, Mamadou Lamine Loum l’argentier hors-pair, Boune Abdallah (mi ñuy jooy te noppee gu ñu) et consorts.

La conférence de presse n’avait en réalité qu’un seul but ; celui de nous préparer à l’idée d’une future dévolution du pouvoir. Le Président planifie clairement un scénario à la Russe, une combine tropicale à la Poutine/Medvedev. Et pour cette éventualité, notre arsenal constitutionnel et administratif devra être taillé sur mesure. Le Pouvoir législatif, le Pouvoir judiciaire, l’Armée, l’Administration et tous les secteurs de la vie nationale doivent s’aplatir afin de faire la place à la combine du siècle.

Réveillez-vous ! Le fameux «Projet» s’arrête à la seule personne du Pm pour lequel notre Pprésident entretient un complexe d’infériorité accablant. Seulement, il oublie que le fauteuil de Président ne se partage pas, il ne se gère pas comme dans un foyer polygame : toogu bi, dafa fiir. L’institution est trop importante pour souffrir de la moindre faiblesse. Njiitum réeew moom, mat s?kk mbaa mott rekk.

Dites, ce n’est pas l’idée d’une dévolution du pouvoir qui irritait hier le Peuple sénégalais ?

Amadou Fall
IEE à Guinguinéo
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