Jeunesse et Chicha : Entre tentation et risques majeurs sur la santé
La consommation de la chicha semble devenir aujourd’hui le sport favori de bon nombre des jeunes. Cette substance pourtant prohibée au Niger se retrouve facilement dans les fadas (lieu de réunion des jeunes), buvettes ou encore lors des cérémonies de mariage et de baptême. Un phénomène social qui prend de l’ampleur et qui a d’ailleurs suscité les 28 et 29 juin 2024 à Niamey, une opération dénommée ‹‹ coup de poing chicha ›› de la police nationale, ayant permis de mettre la main sur plusieurs matériels servant à fabriquer cette pipe à eau très dangereuse pour la santé.
La chicha encore appelée le narguilé est un tout composé de bouteille ou de vase rempli d’eau, d’un fourneau où brule le produit en question et le long tuyau traversant le vase d’eau jusqu’à l’extérieur pour sortir la fumée. C’est en effet un produit qui guette la jeunesse avec de risques majeurs sur la santé.
D’après une étude du groupe de Régulation du Tabac de l’OMS, publiée en 2005, la chicha ou ‹‹ water pipe smoking ›› en anglais, est considérée comme une menace à la santé publique. Et contrairement aux idées préconçues sur une quelconque sensation liée à sa consommation, la fumée de la chicha a aussi des effets néfastes sur les poumons ainsi que des symptômes respiratoires, similaires aux effets de la cigarette sur un individu.
Chicha et les jeunes
Généralement, les jeunes qui consomment la chicha, dans les fadas, lors des cérémonies de mariage ou de baptême, ne se la cachent pas. Bien que le produit soit prohibé au Niger, ils le font au vu et au su de tout le monde. Ousmane, élève en classe de 4ème explique que « généralement, la chicha, c’est de l’eau dans une bouteille, il y a un tuyau et en haut, on met les produits comme la menthe, chewing-gum ou des arômes, le feu et le tube par lequel on inspire la fumée ». Et d’ajouter que ‹‹ bien sûr c’est un produit interdit au Niger ››.
En effet, la chicha est un produit dont la commercialisation est interdite dans le pays. C’est ce qui a d’ailleurs motivé, en juin dernier, la pertinence de l’opération dénommée ‹‹ coup de poing chicha ›› de la police nationale ayant permis la saisie de plusieurs matériels servant à préparer la chicha, ainsi que l’arrestation de plusieurs jeunes tombés sous le coup de la loi.
Un signal fort à l’endroit des commerçants qui s’adonnent à l’importation, la distribution et la vente de cette substance dans le pays. Le comble aujourd’hui est que le phénomène a pris une nouvelle forme chez certains jeunes. D’après plusieurs sources, certains jeunes arrivent même à remplacer la menthe ou la pomme par des stupéfiants comme le tabac. Voilà qui doit davantage interpeller les uns et les autres sur les dangers auxquels sont exposés les jeunes.
Risques majeurs sur la santé
Selon Dr Omar de la clinique Afoua à Niamey, « la chicha a une cancérigène directe des voies respiratoires et donne une dépendance comme les autres drogues ». La consommation de ce produit, a-t-il insisté, peut entrainer « la contamination de plusieurs maladies, telles que la tuberculose et l’hépatite virale. De même, l’irradiation chronique à la chicha entraine une inflammation chronique de la muqueuse respiratoire qui donnera une insuffisance respiratoire, puis à la longue un cancer ». Il ajoute que la consommation de la chicha est devenue un problème de santé publique.
C’est pourquoi, « on observe une recrudescence des cancers des voies aériennes, principalement chez les hommes, probablement lié à ces habitudes. On observe aussi un taux élevé des consommateurs de cette substance dans les centres psychiatriques lié à la dépendance ».
Eu égard aux nombreux risques liés à la consommation de la chicha, le médecin exhorte la jeunesse à « préserver sa vie face à ces produits très dangereux à la santé».
En définitive, contrairement à l’idée d’une quelconque sensation que pourrait procurer la chicha, il convient surtout de souligner les risques réels qu’encourent les jeunes en s’adonnant à la consommation de cette substance. Des risques allant des maladies respiratoires, pulmonaires et aux cancers des voies respiratoires. Un véritable danger à éviter à tout prix.
Koami Agbetiafa, Niger Inter