La Côte d’Ivoire « pas en guerre » contre l’AES
Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI, opposition), la formation politique de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, dénonce des propos contre l’un de ses cadres après un séjour au Burkina Faso.
Le secrétaire général du PPA-CI, Jean Gervais Tchéide, a réagi ce jeudi 1er août 2024, à la suite d’une déclaration du porte-parole principal du RHDP (pouvoir), Adjoumani Kouassi, qui a appelé à ce que M. Koné Katinan, un responsable du PPA-CI, soit « entendu ».
« Koné Katinan doit rendre compte à l’Etat ivoirien de la mission qu’il est allé faire au Burkina Faso. Il mérite d’être entendu par les autorités compétentes », a affirmé ce mercredi 31 juillet 2024 M. Adjoumani Kobenan Kouassi, lors d’une conférence de presse, à Abidjan.
Pour Jean Gervais Tchéide, « ce qui est dit le concernant participe de l’ignorance et de l’inculture politique ». Avant d’expliquer l’objet de la mission de Koné Katinan au Burkina Faso, il a fait l’état des relations entre la Côte d’Ivoire et l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
« En ce que je sache et en ce que le PPA-CI sache, la Côte d’Ivoire n’est pas en guerre contre aucun pays de l’AES, ils ne sont pas nos ennemis, au point que lorsque quelqu’un s’y rend, il devient persona non grata ou encore l’ennemi public », a-t-il fait observer.
A ce jour, « la Côte d’Ivoire entretient des relations diplomatiques avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Nous ne sommes pas en rupture (…). Il n’y a donc aucun problème entre la Côte d’Ivoire et ces pays-là », a soutenu M. Tchéide.
« Mieux, je crois savoir que le chef de l’Etat de Côte d’Ivoire n’a de cesse d’inviter le président de la Transition malienne, Assimi Goïta, en Côte d’Ivoire et que des représentants de l’AES ont été reçus ici à Abidjan », a-t-il renchéri.
« De façon plus particulière, M. Katinan Koné est allé représenter Laurent Gbagbo, qui a été invité par une association burkinabè qui voulait l’honorer dans le cadre de la recherche de la paix et lui décerner même un prix », a précisé Jean Gervais Tchéide.
Selon M. Tchéide, le président du PPA-CI a « dépêché M. Katinan pour le représenter et c’est en reconnaissance de l’hommage rendu à M. Gbagbo que le ministre Katinan a remercié ses hôtes et a rappelé que cet hommage qui est fait par cette association n’est pas le seul ».
« Mieux, le président de la Transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, dans une vidéo devenue virale, a dit que les Occidentaux, l’impérialisme nous trompent toujours ; et lorsqu’ils veulent détruire quelqu’un, ils noircissent son image et ils le font passer pour ce qu’il n’est pas », a-t-il ajouté.
Ibrahim Traoré « a dit cette phrase : qui n’a pas détesté Gbagbo, on nous a menti, on nous a fait le détester. Le disant, il reconnaît longtemps après, bien sûr, que le mal a été fait et que Gbagbo a été victime d’une manipulation », a poursuivi le secrétaire général du PPA-CI.
« Les pays de l’AES, qui sont nos frères, font face à une grande menace avec les attaques terroristes. Quel mal y a-t-il pour un Africain à soutenir ses frères Africains qui sont en butte à des mouvements djihadistes qui endeuillent et sèment la désolation dans ces pays-là », s’est interrogé M. Tchéide.
« Pour ceux qui montent sur leurs grands chevaux, pour demander et menacer comme ils savent le faire, d’habitude, on les laisse et nous, on continue notre chemin ». D’ailleurs, « Gbagbo l’a dit, la Cedeao, la seule chose de bien, c’est sa création, il faut la réformer », a-t-il laissé entendre.
« Si fatigués d’attendre qu’elle (la Cedeao) soit réformée, que des pays la quittent, et bien ceux qui sont restés, si vous voulez qu’on fasse revenir les frères qui sont partis, ce n’est pas en tirant sur eux, en les vouant aux gémonies qu’on va les faire revenir », a-t-il estimé.
Pour le secrétaire général du parti de Gbagbo, « quand il y a un problème, il faut avoir le courage de l’identifier et de le traiter en tant que communauté, plutôt que de casser le thermomètre parce que le bébé fait la fièvre ».
Katinan Koné qui devait soutenir, ce mercredi 31 juillet 2024, sa thèse de doctorat en science économique et de gestion sur un thème lié au foncier ivoirien, n’a pu exposer, en raison d’une manifestation d’étudiants à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, la plus grande du pays.
« Si d’aventure, c’était téléguidé, et bien ceux qui l’ont fait c’est comme si c’était une guerre à l’hivernage, ça ne sert absolument à rien. La thèse du ministre Katinan sera soutenue, elle est déjà rédigée, si elle n’a pas été faite hier, ça sera fait un autre jour dans les conditions requises », a-t-il dit.
« Je ne dis pas que c’est téléguidé, mais si d’aventure c’était le cas, on peut faire la guerre à des individus, mais on ne peut pas faire la guerre du savoir », a-t-il partagé. La Fesci, le principal syndicat estudiantin, a souligné que l’organisation est « apolitique » et ne cherche qu’à défendre les étudiants.
AP/APA