Nigeria: des milliers de manifestants convergent dans les rues pour exiger de meilleures conditions de vie
Au Nigeria, ce 1er août 2024, des milliers de personnes descendent dans les rues dans le cadre de #Endbadgovernance (« Mettre fin à la mauvaise gouvernance »), un mouvement pour exiger des meilleures conditions de vie.
Le mouvement #Endbadgovernance a bien démarré ce jeudi matin. Et c'est un test grandeur nature pour les autorités nigérianes, presque 4 ans après le mouvement #EndSars qui s'était terminé avec la mort de manifestants suite à des tirs d'hommes en uniforme sur le péage de Lekki à Lagos.
Plusieurs milliers de manifestants ont convergé dans les principales villes du Nigeria pour exiger des meilleures conditions de vie.
Ces défilés et ces occupations ne sont pas confinées au sud du Nigeria. Les manifestants sont aussi actifs au nord du pays, avec par exemple des dizaines de jeunes manifestants perchés sur des panneaux publicitaires surplombant une foule de plusieurs centaines de personnes et agitant des branches d'arbres ou des pancartes en face du palais du gouverneur de l'État de Gombe. Des scènes identiques dans les États de Kano, Borno et de Bauchi, toujours dans le nord du Nigeria. Des cortèges défilant et chantant des slogans dans l'État de Benue au Centre, dans le sud-ouest dans l'État d'Oyo, et aussi ici à Port Harcourt dans l'État de Rivers. Une confirmation que le mouvement #EndbadGovernance a une dimension nationale.
C'est toutefois à Lagos qu’on peut observer le cortège le plus important. Plusieurs milliers de manifestants ont convergé à Ikeja, sur la partie continentale de la capitale économique du Nigeria.
À Abuja, c'est autour du stade national que les manifestants se sont d'abord rassemblés ce matin, suite à décision de justice. Mais, depuis, ils ont décidé de rejoindre Eagle Square, un lieu hautement symbolique au Nigeria : depuis le retour de la démocratie en 1999, c'est à Eagle Square que chaque président élu prête serment.
Des manifestants tenant un écriteau lors d'une manifestation antigouvernementale pour protester contre la mauvaise gouvernance et les difficultés économiques à Abuja, Nigeria le 1er août 2024.
Des manifestants tenant un écriteau lors d'une manifestation antigouvernementale pour protester contre la mauvaise gouvernance et les difficultés économiques à Abuja, Nigeria le 1er août 2024.
Un mouvement sans leaders proclamés
Pour le moment, le mouvement #Endbadgovernance n’a pas de leaders proclamés. Donc, il y a peu de coordination de cortèges et beaucoup d'improvisation encore, car la majorité des manifestants a moins de 20 ans. Pour beaucoup d'entre eux, ce sont d’ailleurs aujourd'hui leurs premiers pas dans une manifestation organisée.
À Abuja et à Bauchi, la police a dû procéder à des tirs de gaz lacrymogènes pour canaliser des mouvements désordonnés de foule. À Kano, les policiers ont empêché le départ d'un feu devant le palais du gouverneur.
Plusieurs coalitions d'organisations de la société civile s'activent un peu partout pour aider à la structuration d'un mouvement né sur les réseaux sociaux.
Parmi ces coalitions, on compte quelques figures ayant lutté pour le retour de la démocratie dans les années 1990 et aussi des militants des mouvements Occupy Nigeria de 2012.
Enfin, Peter Obi, du Parti travailliste et figure de l'opposition, demande au gouvernement d'écouter les doléances des manifestants. Dans le même temps, il souhaite que les personnes participant à ce mouvement #EndbadGovernance respectent la loi en demeurant non-violent.
RFI