Présidentielle et législatives au Rwanda: à Kigali, forte mobilisation pour la journée de vote
Au Rwanda, la population vote ce 15 juillet 2024 pour la présidentielle et les législatives. Le président Paul Kagame, au pouvoir depuis vingt-quatre ans, brigue un quatrième mandat de cinq ans. Seuls deux autres candidats ont été autorisés à se présenter face à lui : le député du Parti vert démocratique, Frank Habineza, et l'indépendant Philippe Mpayimana, alors que les candidats plus critiques ont été écartés. Les bureaux de vote ont fermé vers 15H00, heure locale, et e dépouillement a commencé...
La population du Rwanda est très mobilisée pour ce scrutin qui est largement comparé à une cérémonie de mariage, avec des bureaux de vote décorés comme pour une réception.
Ce matin, certains électeurs ont expliqué à RFI qu'ils considèrent que voter est quasiment une « obligation », que ce serait « ingrat » de ne pas se rendre aux urnes pour « appuyer les progrès de leur pays ».
Dans certains quartiers de Kigali, des volontaires ont même été déployés pour faire du porte-à-porte et appeler les habitants à se déplacer à l'aide de porte-voix.
On voit beaucoup de jeunes qui votent pour la première fois. C'est le cas pour près de 2,5 millions d'entre eux qui n'ont jamais connu d'autre dirigeant que le président Paul Kagame.
Le chef de l'État a lui-même glissé son bulletin dans l'urne en début d'après-midi : assez tardivement donc et pas dans le bureau de vote annoncé initialement.
Paul Kagame, vêtu d'une chemise kaki, lunettes noires sur le nez, a salué les personnes présentes dans la file d'attente avant de passer dans l'isoloir.
Les candidats de l’opposition, eux, avaient voté un peu plus tôt dans la matinée. Le député du Parti vert démocratique Frank Habineza a notamment déclaré qu'il accepterait le verdict des urnes, si les élections se déroulent dans de bonnes conditions.
Les attentes des électeurs de Rubavu
À Rubavu, ville rwandaise frontalière avec Goma, les bureaux de vote ont fermé, comme partout ailleurs dans le pays, ce lundi après-midi à 15h00. Dans une ville où le commerce transfrontalier emploie de nombreux habitants, les électeurs espèrent un apaisement des tensions entre la RDC et le Rwanda.
À l’école privée de Gisenyi où s’est rendue notre envoyée spéciale, Lucie Mouillaud, une longue allée fleurie d’arches blanches, a accueilli les électeurs jusqu’au bureau de vote.
Parmi eux, Habumugisha Itangishaka, 21 ans, a attendu le début d’après-midi pour déposer son bulletin dans l’urne : « J’ai d’abord traversé la frontière pour transporter des marchandises. Mais voter, c’est important car je dois choisir les autorités qui ont de bonnes choses pour moi. »
À Rubavu, beaucoup vivent du commerce transfrontalier. Depuis deux ans, les horaires limités de la frontière, fermée à partir de 15h00, et la mise en place d’un titre de séjour affectent les transporteurs handicapés comme le jeune électeur.
« Il y a certains problèmes pour traverser la frontière et parfois, ça rend la tâche difficile. C’est à cause de l’insécurité au Congo. Nous, on voudrait appeler à enlever ces permis de séjour », a ajouté Habumugisha Itangishaka.
Avant 2020, près de 50 000 passages journaliers étaient enregistrés à la petite barrière entre Goma et Rubavu.
Encre sur le doigt après avoir voté, la restauratrice Mukantaganda Pascasie a perdu beaucoup de clients congolais avec les nouvelles règles frontalières : « Ce que nous voulons, c’est que les frontières rouvrent comme avant pour que les Congolais puissent venir chez nous et que nous puissions venir chez eux. La seule chose qui peut nous aider, c’est que la guerre cesse et que la circulation reprenne. »
Beaucoup espèrent un apaisement de la situation pour le retour à la normale d’une des frontières les plus empruntées du continent africain.
Les bureaux de vote ont fermé à 13h00 TU (15h00, heure locale) et la commission électorale devrait donner des tendances dès ce soir, alors que les résultats définitifs sont attendus le 27 juillet au Rwanda.