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Attiéké : pourquoi ce plat ivoirien s’appelle ainsi ?

Écrit par Direct niger. Affichages : 411Publié dans Culture & Sport

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L'attiéké est un plat ivoirien qui est commercialisé dans plusieurs rayons de super marché en France. Mais, il n'y a pas que les Français et les Françaises qui consomment ce met. Car, l'attiéké est aussi célèbre en Espagne, en Chine, à Taïwan, dans certains pays du Moyen-Orient, aux États-Unis et dans plusieurs pays d'Europe et d'Asie. Si ce nom semble populaire sur plusieurs lèvres, très peu de gens connaissent son origine et sa prononciation correcte. On vous dit tout.

 

On note que l'attiéké est un plat emblématique de la Côte d'Ivoire. Il incarne à merveille la richesse et la diversité culinaire de l'Afrique de l'Ouest. Ce met, à base de semoule de manioc fermenté, joue un rôle central dans la gastronomie et les traditions sociales ivoiriennes. Mais d'où vient précisément le nom "attiéké" ? Pour répondre à cette question, il est essentiel de plonger dans les racines culturelles et linguistiques des peuples de la Côte d'Ivoire, en particulier celles des groupes ethniques comme les Baoulés et les Ébriés. Le terme lui-même, évocateur et distinctif, porte en lui les échos d'une histoire riche et d'une méthode de préparation qui s'est transmise de génération en génération, reflétant ainsi non seulement un héritage culinaire, mais aussi un véritable art de vivre.

Quel est ce met ivoirien ?

L'attiéké est un plat traditionnel ivoirien, souvent comparé à la semoule de couscous, mais il est fabriqué à partir de manioc naturel et de manioc fermenté. Sa texture est granuleuse et il est généralement servi comme accompagnement avec du poisson grillé, du poulet, ou des sauces variées. La fabrication de l'attiéké implique le râpage du manioc, qui est ensuite fermenté, pressé pour en extraire l'eau, puis séché et enfin cuit à la vapeur. Ce plat est non seulement un aliment de base dans la cuisine ivoirienne, mais il est également apprécié dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest. L'attiéké combine des qualités nutritionnelles importantes, notamment sa richesse en glucides et en fibres, tout en étant relativement pauvre en protéines. Il est aussi culturellement significatif, souvent au cœur des réunions familiales et des festivités.

Origine ethnique du mot "attiéké" : tout ce que vous devez savoir !

La Côte d'Ivoire compte un peu plus de 60 ethnies regroupées en quatre grands groupes :

  1. Les Akans : qui dominent majoritairement le sud et une bonne partie du centre.
  2. Les Gours (Gurs) : groupe voltaïque essentiellement du Nord et particulièrement du nord-est
  3. Les Krous : un peu plus à l'ouest du pays et également au sud-ouest)
  4. Les Mandés (sud et nord) : présent aussi dans le Nord et plus particulièrement dans le Nord-Ouest et le Nord-Est

À travers ces quatre grands groupes, on retrouve une multitude d'ethnies dont l'une est connue pour avoir donné ce nom à ce met que nous connaissons et qui est consommé un peu partout dans le monde. Il s'agit en effet de l'ethnie Avikam.

Brève présentation des Avikams

Il faut noter que les Avikams sont essentiellement sudistes, notamment le sud-ouest de la Côte d'Ivoire (Grand-Lahou). Ils font partir du groupe Akan et singulièrement un sous-groupe des Akans lagunaires. Pour la parenthèse, notez que le groupe Akan est essentiellement matriarcal. Ce qui sous-tend que c'est la femme qui tient le rôle de chef de l'organisation ou de la tribu. Même si cela semble disparate en raison des multiples revers de la colonisation. Pour revenir à ce magnifique peuple côtier, on rappelle que ces derniers sont aussi connus pour leurs activités principalement axées sur la pêche vivrière. Ils occupent d'excellents postes administratifs dans le pays et se sont fait connaître aux yeux du monde à travers la musique grâce au groupe Nigui Saff K-Dance. Enfin, c'est aussi grâce à ce peuple que le mot "attiéké" est connu dans le monde.

"Attiéké" : quand le succès n'a pas qu'un seul parent !

"L'échec est orphelin". En revanche le succès est réclamé de tous. En effet, l'attiéké est clamé de presque tous les sous-groupes ethniques Akan. Mais le mot en lui-même provient selon ce reportage du groupe Avikam. Tout simplement parce que, ce sous-produit du manioc est fabriqué par les ethnies lagunaires :

  • Ebrié
  • Adjoukrou
  • Alladian
  • Abiji
  • Avikam
  • Ahizi
  • Attié

Et, chaque ethnie affirme être le parent de "l'attiéké". Alors que, dans un reportage de "La Belle Côte d'Ivoire", le patriarche M LEGRET Yves, Chef suprême des Avikams de Lahou, révèle que l'attiéké, ce sous-produit du manioc est un mot "Avikam".

Histoire de l'origine de "l'attiéké" : témoignage du chef suprême des Avikam de Lahou !

Selon les propos recueillis par ce média, "l'attiéké" ne se prononce pas vraiment ainsi, mais plutôt "Atchéké". Du moins, c'est ce que nous entendons dans le témoignage du chef. Mais, d'où vient ce mot ? Le chef dira, "l'attiéké" est un sous-produit du manioc. Et chez les Avikams, il "existe 15 manières de transformer le manioc" en produit comestible. Ainsi, lorsque le manioc est transformé, quelle que soit sa forme, elle porte le nom de "Bêdê". Donc, originairement, "l'attiéké" faisait partir des "Bêdê" ou "Vêdê" chez les Avikam de l'ouest.

"Bêdê ou Vêdê devient le produit de commerce des femmes Avikams !

Comme susmentionné, l'Avikam fait partir du groupe Akan. Ce groupe est essentiellement matriarcal. D'antan, la polygamie était autorisée et l'est toujours d'ailleurs à ce jour. Cette polygamie était considérée comme une source de richesse car chaque femme travaillait pour le "compte du mari". À cette époque "l'attiéké" sous produit du manioc, était donné gratuitement ou échangé gratuitement entre les membres d'un village ou d'une région spécifique. Ce n'était donc pas un produit commercial. Car, presque toute la communauté Avikam possédait le manioc et pouvait le transformer à sa guise. Puis, avec l'avènement de l'administratif à Grand-Lahou ainsi que les mutations de ce territoire, les sous-produits du manioc tels que "Bêdê ou Vêdê" ont commencé à se commercialiser. Ainsi, les femmes devraient quitter leur foyer pour se rendre de bonheur vers les localités de grandes affluences pour vendre ces sous-produits du manioc. Puisque la semoule du manioc (attiéké) était le produit qui sortait le plus, les femmes se faisaient beaucoup d'argent avec cette vente. C'est ainsi que de cette action de vente naquit le mot "bouger" qui a une signification particulière en Avikam.

"Bouger" veut dire "atchéké" en Avikam

Selon le récit du chef LEGRET, de cette action commerciale va naître le mot "bouger" qui veut dire en Avikam : "Atchéké" et qui deviendra par abus de prononciation "attiéké". En effet, chaque vente de la semoule de manioc par les femmes leur permettait de faire du profit. Elle pouvait s'acheter des produits de beauté, des pagnes, des bijoux et bien d'autres. Lorsqu'une femme s'achète tout ceci et qu'elle rencontre une de ses coépouses ou une autre femme du village, toute suite, celle-ci lui fait remarquer qu'elle possède de nouveaux artifices ainsi que de nouveaux pagnes.

Cette dernière reçoit des félicitations et des encouragements des femmes en question qui ne manquent pas de lui dire : "si tu n'avais pas "bougé" ou travailler pour vendre la semoule de manioc, tu n'aurais pas pu t'acheter ces pagnes". C'est donc cette action de "bouger" pour aller vendre la semoule de manioc qui est appelé "attiéké" et non le sous-produit du manioc, qui lui est appelé "Bêdê" ou "Vêdê" an Avikam. En clair, "attiéké" veut dire tout simplement "bouger" en Avikam. Puis, avec le temps, à en croire les mots du chef suprême, les consommateurs de cette semoule de manioc vont attribuer "attiéké" à ce sous-produit du manioc.

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