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Politique

Ingérence dans les attributions du pouvoir judiciaire : Le Syndicat Autonome des Magistrats du Niger en colère !

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Le Syndicat Autonome des Magistrats du Niger (SAMAN) a rendu publique, ce lundi 24 avril 2024, une déclaration relativement aux évènements survenus à Konni et à Tillabéry.

A travers son Bureau Exécutif National, le SAMAN a d’abord exprimé sa ‘’consternation’’ vis-à-vis de ce qu’il a qualifié de ‘’gangstérisme de certains agents subalternes et des officiers de la Police nationale, des autorités administratives et des officiers de police judiciaire à Konni et à Tllabéry’’.

A Konni, relate le BEN-SAMAN, ‘’le 23 mai 2024, les membres du comité de vigilance de Konni faisaient irruption dans une propriété privée pour interpeller nuitamment un présumé trafiquant de drogue. Malheureusement, cette intervention s’est soldée par la mort subite d’une personne victime des coups et blessures volontaires’’.

Selon le BEN-SAMAN, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Konni a, conformément à la loi, instruit les officiers de police Judiciaire d’ouvrir une enquête préliminaire pour faire toute la lumière sur cette affaire. Malheureusement, poursuit le BEN-SAMAN, le Préfet dudit département s’opposa délibérément à cette procédure judiciaire en donnant une contre instruction aux OPJ déjà saisis à qui il demanda de désobéir à cette autorité judiciaire et ce, nonobstant la plainte des parents de la victime.

Le SAMAN dit avoir protesté auprès du Ministre de la Justice qui l’a rassuré d’être en contact avec son homologue de l’intérieur, promettant un dénouement heureux et rapide de cette crise, a souligné le BEN.

A Tillabéry, le BEN SAMAN a dénoncé les ‘’violations de toutes les règles d’éthique et de déontologie de la police nationale’’ dans la gestion d’un événement intervenu le 10 juin 2024 lors d’un contrôle de routine opéré à l’entrée de la ville par les éléments de la police. Un échange verbal, en effet, a opposé selon le BEN-SAMAN, un magistrat en service au tribunal de grande instance de ladite ville à un des policiers en faction.

Le contrôle a mal tourné débouchant sur la brutalisation du magistrat et son interpellation. « …le chef de poste, qui devait jouer en pareille circonstance à l’apaisement, a instruit ses subordonnés d’interpeller manu militari le magistrat en question en le menottant et en le molestant avant de le conduire à la direction régionale de la police nationale de cette localité, le tout sur fond d’humiliation et provocation de toutes sortes’’, dénonce le BEN SAMAN.

Le magistrat a porté plainte et sur instruction du Procureur une enquête judiciaire fut ouverte par la brigade de la gendarmerie de la localité conduisant à l’interpellation et à la garde à vue des mis en cause.

Le BEN SAMAN de poursuivre : « A la grande surprise du procureur de la République, il fut informé nuitamment par l’officier en charge de l’enquête, de la levée de la mesure de garde à vue et de la libération des mis en cause sur instruction sa hiérarchie militaire ».

Le Bureau Exécutif National du SAMAN qui se dit ‘’outré et scandalisé par l’ampleur de ces comportements médiévaux qu’il croyait révolus à jamais’’ condamne avec la dernière énergie tous ces agissements outranciers intentés contre le pouvoir judiciaire nigérien d’où qu’ils viennent et également la propension à banaliser le pouvoir judiciaire et les magistrats avec la caution du CNSP.

Le BEN-SAMAN exige des autorités actuelles l’arrêt immédiat de toute sorte d’empiètement dans les attributions du pouvoir judiciaire et l’ouverture sans délai d’une quête judiciaire sur les faits survenus à Konni le 23 mai 2024

Par ailleurs le BEN-SAMAN rappelle au CNSP que les hommes passent mais que l’institution judiciaire demeurera jusqu’à la fin des temps et aux officiers de la police judiciaire leur serment d’agir partout et en tout lieu comme des fidèles et loyaux serviteurs de la loi et que l’exécution d’un ordre manifestement illégal les expose à des sanctions pénales et disciplinaires

Enfin, le BEN-SAMAN demande aux procureurs Généraux près les Cours d’Appel d’engager désormais la procédure de déchéance de la qualité d’OPJ des officiers de police judiciaire qui désobéiront aux instructions des Procureurs de la République.

Pour le moment le Ministère de la justice n’a pas réagi par rapport à cette déclaration du SAMAN qui sonne comme une accusation de l’ingérence du pouvoir Exécutif dans l’appareil judiciaire. Mais dans certains milieux proches du pouvoir on parle déjà de l’abus de position et de pouvoir de certains magistrats.

Cependant, le SAMAN reste pour autant insensible à ces critiques. Aux dernières nouvelles, le Syndicat des Magistrats vient de lancer un préavis de grève. Il entend observer une grève de 72 heures sans service minimum sur toute l’étendue du territoire national les 1er, 2 et 3 juillet 2024 de 8 heures à 17 heures 30 pour protester contre la violation des principes et valeurs visés dans le communiqué de préavis et exige du gouvernement l’arrêt des immixtions intempestives du pouvoir exécutif dans les attributions du pouvoir judiciaire.

Adoum Boulkassoum, la Roue de l'histoire