Différend Niger/Bénin sur l’exportation du brut nigérien : Le Niger demande à la Chine de s’engager dans le respect des clauses contractuelles
Le Gouvernement de la République du Niger, dans un communiqué publié ce samedi 08 juin 2024, a demandé à la République Populaire de Chine, son partenaire stratégique dans l'exploitation du pétrole, de prendre ses responsabilités en s'engageant clairement dans le respect de toutes les clauses contractuelles.
Ce communiqué fait suite à la situation de blocage, par le Bénin, du chargement du pétrole brut du Niger destiné à l’exportation à partir de la Station terminale de Sémè, un fâcheux épisode sur fond d’arrestation de cinq agents de WAPCO Niger par les Autorités béninoises.
Dans son communiqué, le Gouvernement du Niger rappelle d’abord que le transport du pétrole brut nigérien, le Meleck, via la République du Bénin, pour l'export est encadré par trois (3) accords principaux dont l'Accord bilatéral entre la République du Niger et la République du Bénin relatif à la construction et l'exploitation d'un système de transport des hydrocarbures par pipeline du 23 janvier 2019 ; l'Accord de Gouvernement Hôte relatif à la construction et à l'exploitation d'un système de transport des hydrocarbures par pipeline entre la République du Bénin et la West African Oil Pipeline-Bénin Company S.A du 5 août 2019 ; et la Convention de Transport entre la République du Niger et la West African Oil Pipeline-Niger Company, relative au système de transport des hydrocarbures par canalisation du 15 septembre 2019.
Ces accords, qui encadrent le système de transport des hydrocarbures entre le Niger et le Bénin n'ouvrent nulle part le blocage pour quel que motif que ce soit du fonctionnement régulier du système de transport, note le communiqué, précisant qu’aucune circonstance n'est reconnue à une partie prenante à ces contrats d'entraver ce transport.
« Même un éventuel conflit entre le Niger et le Bénin ne saurait, de droit, justifier une entrave au fonctionnement du système du transport », ajoute le communiqué qui souligne « qu'aucun lien ne peut être fait entre la fermeture par le Niger - pour raison de sécurité - de sa frontière avec le Bénin ».
Selon le Gouvernement nigérien, en effet, « depuis le 26 juillet 2023, date de l'avènement du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le Président Patrice Talon (du Bénin, ndlr) multiplie les violations des accords que son pays a souscrits, en usant de subterfuges discréditant sa signature, renforçant ainsi les très mauvais préjugés distillés par les ennemis de l'Afrique sur le non-respect des engagements librement pris ».
Le communiqué rappelle qu’après l’épisode du 16 Mai 2024 qui a consacré l’interdiction par le Gouvernement du Bénin de l’entrée dans ses eaux territoriales du premier navire devant charger le brut nigérien à partir de la plateforme de Sémé, « le mercredi 5 juin 2024, c'est une équipe de WAPCO-NIGER en mission officielle de supervision et de contrôle des chargements sur demande expresse et insistante de la CNPC, qui est kidnappée par les autorités béninoises sur la plateforme de Sémé, au mépris notamment des dispositions de l'article 29.6 de l'Accord du gouvernement Hôte (AGH) ».
Face à cette situation et tout en tenant pour seul responsable le Président Patrice Talon de toute violation de l'intégrité physique et morale de ses citoyens, indique le communiqué, « le Niger entend prendre toutes les dispositions pour obtenir la libération sans conditions de ses citoyens pris en otage, défendre ses droits et préserver ses intérêts vitaux ».
Enfin, note le communiqué, « il revient à la République Populaire de Chine, partenaire stratégique dans l'exploitation du pétrole nigérien, de prendre ses responsabilités en s'engageant clairement dans le respect de toutes les clauses contractuelles ».
MAY/KPM/ANP