Politique : L’ancien président Issoufou, cible des pourfendeurs de l’appel au pardon du Chef de l’Etat

Écrit par Direct niger. Affichages : 135Publié dans Tribune & Opinion

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L’ancien président Issoufou Mahamadou aura-t-il dicté au Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, ses propos, notamment son appel au pardon, exprimés lors de la cérémonie officielle de remise du rapport des Assises Nationales, tenue, ce lundi 10 mars 2025 ? Pour les contestateurs de l’initiative pourtant salutaire du Chef de l’Etat (les esprits diaboliques n’aiment pas la paix), c’est comme si… Occasion pour eux de lâcher à nouveau…Le mal, la haine, la méchanceté, l’intolérance…, quand tu les tiens !

L’appel au pardon du Chef de l’Etat est à peine sorti de sa bouche qu’il est amplifié sur les réseaux sociaux. Non pas dans le sens voulu par son auteur, c’est-à-dire qu’il (le pardon) soit intériorisé par chaque concitoyen de ce pays pour en faire une valeur cardinale nationale de renforcement de la cohésion sociale et de l’unité nationale concourant à l’agenda Paix/Sécurité, mais dans le sens contraire. Pour les adversaires au ‘’Pardon’’ du Président du CNSP, il faut, avant toute invitation à une quelconque communion des cœurs et des esprits, régler les comptes au régime déchu, principalement à l’ancien président Issoufou Mahamadou dont la gouvernance, affirment-ils, aura été la plus ‘’chaotique’’ et la plus ‘’catastrophique’’ de l’histoire sociopolitique et économique du Niger de son après- indépendance.

La tonalité extrême de cette charge sur le régime de la Renaissance lui ôte toute objectivité et la verse plutôt dans le champ de l’émotion. Car, rien ne peut expliquer autant de colère extériorisée par une catégorie de Nigériens sur une Gouvernance qui n’a pas à rougir des résultats de ces deux mandats (2011-2016 et 2016-2021) à la tête du pays. Bilan contre bilan, chantiers contre chantiers, réalisations contre réalisations, comme le dira Omar Hamidou Tchiana, alors ministre du Gouvernement, le régime d’Issoufou Mahamadou peut se bomber le torse de ses réalisations enregistrées dans divers domaines. Les propos ‘’laudateurs’’ du Président de l’Alliance des Mouvements pour l’Emergence du Niger (AMEN/AMIN) n’étaient pas que de simples paroles de politicien. Les œuvres physiques et les chiffres de la gouvernance Issoufou contrastent avec le classement peu honorable du Niger sur l’échelle de l’Indice de Développement Humain (IDH) que l’Opposition servait, avec une certaine délectation, à ses militants et sympathisants et à sa propagande.

Justement, de l’IDH du Niger, sous la Renaissance, parlons-en. De cet IDH du Niger, tout court, qui, sous tous les régimes qui se sont succédé, tire le pays vers le bas, sa justification découle de l’analyse économique selon laquelle il est la résultante des retards accumulés dans le développement des secteurs sociaux de base, et ce, de l’indépendance à nos jours. Le malheureux IDH du Niger vient donc de loin. Ceci pour dire que c’est d’un pays où tout est prioritaire qu’Issoufou Mahamadou a hérité en 2011 duquel il va apporter sa pierre à la construction de l’édifice national.

Une économie rurale caractérisée par une année pluviométrique déficitaire sur deux, au cours de ses deux mandats, sans que le pays ne connaisse une situation de famine (pour ainsi dire que les réponses aux crises alimentaires auront été efficaces); une mobilisation inégalée et inédite des ressources financières extérieures corroborée par des réalisations physiques (5 000 kilomètres de route autant que pendant toute la période 1960-2010, principales villes du pays modernisées, capitale complètement relookée avec des échangeurs, des nouvelles rues bitumées, aéroport international aux standards internationaux, méga projet du plus long oléoduc d’Afrique exécuté, centrale électrique de Gorou Banda posée, projet Kandadji de régénération des terres arables et de production d’énergie électrique très avancé, etc.) ; un doublement presque des effectifs de la Fonction Publique ; un triplement de ceux des armées… Et, en conclusion, une historique alternance démocratique civile ! Que de chantiers montés et accomplis et d’actions de développement conduites sous le magistère d’Issoufou Mahamadou.
Même dans ce qui, sur sa gouvernance, avait été très critiqué, à savoir la lutte contre la corruption et la guerre contre le terrorisme, Issoufou Mahamadou aura posé, pour le premier, les jalons de l’assainissement des mœurs publiques à travers la création de la Haute Autorité de la Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA) qui avait d’ailleurs commencé à prendre son envol sous la présidence du magistrat Ghousmane Abdourahamane et, pour le second, la fondation d’un rempart sécuritaire.

Sur le volet sécuritaire, certes, le Niger n’aura pas été le tombeau de Boko Haram, comme l’avais promis le président Issoufou Mahamadou à ses concitoyens, mais, malgré les revers militaires de Bosso et Karamga, Aboubakar Shekau et sa horde de criminels n’auront pas réussi à sanctuariser le Manga qu’ils ont au contraire déguerpis sous la pression de nos forces de défense et de sécurité. Le bilan sécuritaire d’Issoufou Mahamadou, c’est, en dépit de l’ampleur des menaces de tous les côtés (Boko Haram à l’Est, groupes terroristes liés à Alqaida et Daech à l’ouest, immigration clandestine et trafics illicites en tous genres au Nord, banditisme transfrontalier au Sud) : le maintien de l’intangibilité des frontières nationales ; la mise en place d’un schéma sécuritaire à travers la création de patrouilles mixtes des forces de défense et de sécurité équipées dans les 63 départements que compte le pays, avec des dotations mensuelles en carburant ; la montée en puissance de notre armée dans un cadre de partenariat de formation des fds nigériens en techniques et combats des forces spéciales. C’est, entre autres, ce qui a valu au Niger sa place et son statut de maillon fort de la sécurité dans le Sahel des Trois Frontières.

Sur le volet sécuritaire toujours, on ne peut pas ne pas évoquer le courage d’Issoufou Mahamadou à dire, ouvertement, à la face du monde, les 4 vérités à la communauté internationale que la guerre en Libye ‘’sans un bon service après-vente’’ sera porteuse de malheurs pour toute une région et préjudiciable à la paix pour des longues années à venir (c’est arrivé !). On ne peut pas également ne pas se rappeler qu’il fut le premier à dénoncer ce statut ambigu de Kidal imposé par la France qui en avait fait presque un territoire indépendant à part entière, dans un Mali pourtant ‘’souverain’’.

Revenons à la lutte contre la corruption très attendue à l’aune de la gouvernance Issoufou Mahamadou pour faire remarquer que son premier obstacle fut le parti de son principal allié qui lui imposa son rythme d’une justice à double vitesse. En effet, l’affaire des fausses factures au Ministère de la Santé Publique mettant en cause l’un des principaux financeurs du Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (MODEN/FA Lumana/Africa), le parti de Hama Amadou, qui n’est autre que le ‘’sulfureux’’ richissime homme d’affaires Zakou Djibo dit Zakaï, fut révélatrice de la grandeur de l’obstacle dressé à la Renaissance sur son chemin de l’assainissement des mœurs publiques. Le président Issoufou Mahamadou, soucieux de la préservation de la stabilité politique se plia alors à la volonté de son principal allié. Voilà le péché originel de la lutte contre la corruption qui n’a pas répondu aux attentes des Nigériens. Mais, même sur ledit volet, avec les ‘’belles prises’’ de l’IGAT (Inspection Générale de l’Administration Territoriale) dans la ‘’mare’’ aux ‘’gros poissons’’ de la décentralisation, on ne peut parler d’échec patent.

De ces faits très têtus de sa gouvernance, ci-dessus, fidèlement décrits, certains magnifiques, d’autres dévoilant en lui un bon visionnaire, Issoufou Mahamadou devrait normalement s’en sortir, à la fin de son mandat, avec, ne serait-ce, une simple reconnaissance de son pays dans sa globalité, sans la moindre contestation, pour services rendus. C’est finalement le prix M.O Ibrahim, c’est-à-dire l’Afrique, et l’ONU, qui vont finalement en faire leur héros et leur ambassadeur.

Qu’est-ce qui peut bien expliquer le rendez-vous raté entre Issoufou Mahamadou et une partie de son peuple qui continue de le vouer aux gémonies ? Ses succès expliquent son rejet, autrement dit la jalousie maladive de ses adversaires politiques de ne voir personne d’autre réussir qu’eux seulement (cela relève de la face démoniaque cachée de l’être humain). L’épicentre de son régime situé dans une capitale sous le contrôle de son opposition aura été son malheur. Sa détermination à protéger son régime aura été son péché (fallait-il qu’il laisse leur idole le mettre en cohabitation pour en faire leur héraut). Sa popularité aura été son délit. Le fait de ne pas être des leurs aura été son crime.

Malgré toute cette animosité gratuite manifestée à son encontre, Issoufou Mahamadou demeure lui-même, c’est-à-dire un homme sage et respectueux du rôle qu’il incarne au sein de la communauté nationale et à l’international : ancien chef de l’Etat dévoué à son pays, menant, à des occasions, une diplomatie de l’ombre faisant prévaloir les intérêts de 26 millions des Nigériens (A son temps, et, très tôt, il n’a pas hésité à dire non à l’intervention militaire de la CEDEAO au Niger) ; artisan du commerce intra-africain ; ambassadeur de paix au Sahel ; Citoyen du monde… Dans son comportement, c’est-à-dire son calme et son sang froid à toutes épreuves et son silence à ne pas répondre à ses pourfendeurs, l’ancien président Mahamadou Issoufou aura, lui, tout pardonné, bien avant l’appel au pardon du Chef de l’Etat.

Qu’en est-il du désir ardent de ceux qui rêvent de le voir derrière les barreaux ? Si un jour, ce jour arrive, Issoufou Mahamadou affrontera certainement son destin avec dignité comme il en a fait montre ce soir d’un jour de 2009 où il débarqua à l’aéroport Diori Hamani de Niamey défiant le mandat d’arrêt international délivré à son encontre par le régime ‘’tazarchiste’’ de la 6ème République. Alors, ce jour-là, le principe de l’imputabilité n’ayant plus droit de cité, il faut réveiller de leurs tombes Diori Hamani, Seyni Kountché, Ali Saibou, Ibrahim Maïnassara Baré, Daouda Malam Wanké et Tandja Mamadou, conduire tout ce beau monde y compris Mahamane Ousmane, Djibo Salou et Mohamed Bazoum au tribunal de la reddition des comptes. Ce sera là, la justice sociale tant clamée et réclamée.

Oumarou Kané