Editorial : La nécessité d’un toilettage
Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) est mal conseillé ! Constat fondé ou pas, on ne manque pas d’entendre cela dans la bouche de nombreux citoyens. Pourtant, l’organe militaire qui dirige le pays depuis le 26 juillet 2025 ne manque pas de ‘’compétences’’ à ses côtés, sans oublier son gouvernement en place, en charge de l’exécution de son programme de transition.
Mais que de décisions densément critiquées au sein de l’opinion, parfois sur des sujets et positions qui paraissent si évidents, qu’elles n’auraient pas dû susciter autant de réprobations.
S’il y a un volet qui piétine autour du CNSP et de son gouvernement, c’est bien celui de la communication. Autrement, ce qui est arrivé dans l’épisode de la suspension du groupe de presse Canal 3 Niger et du retrait de la carte de son journaliste ‘’chevronné’’ Seyni Amadou n’aurait pas dû se produire. Car, l’amateurisme des sanctions prises à leur encontre fut si flagrante qu’il interroge sur les compétences au sein de l’institution incriminée, à savoir le ministère de la Communication. Heureusement que très vite, cette erreur a été corrigée, mais non sans avoir écorné l’image du régime auprès de ses soutiens.
Un autre exemple illustratif à décrier en cette ère de refondation, c’est le spectacle désolant de la perte du self control par beaucoup de nos concitoyens suite à la pénurie de l’essence Super à la pompe. Pour si peu, et pour une crise très éphémère, voilà labousanistes et zancen kassistes qui arrivent aux mains devant les stations-services, vociférant sur les réseaux sociaux, tirant les cordes vocales.
Qu’en est-il de la conviction en la refondation et à la souveraineté. On en parle souvent avec ironie parce que des canaux, des femmes et hommes chargés de la diffuser, de la propager et de l’intérioriser en chaque citoyen ne semblent pas eux-mêmes convaincus, pour ne pas dire qu’ils ont très vite replongé dans les bulles décriées du passé : affairismes, clientélisme, laudateurs, lanceurs zélés et invétérés de slogans, etc.
Sinon ce n’est pas tant des slogans avec des tons qui frisent souvent l’arrogance qu’il faut mettre en exergue, ce qu’il faut intérioriser, c’est la conviction que nous sommes sur la bonne voie de la souveraineté. Point donc besoin de cacher les défis, les difficultés, les peines et les pertes. Il faut au contraire les dévoiler pour que chaque âme sur cette terre en porte son fardeau. C’est dans la souffrance que les grandes nations se sont constituées.
Encore que pour notre cas, le chemin de la constitution d’une grande nation est tout tracé. La remise en cause des contrats léonins sur l’uranium contractés depuis les indépendances constitue en elle seule un bilan positif pour le Président du CNSP. Bien plus l’est le nom retentissant du Niger désormais sur tous les continents et océans.
Tout cela ne participe évidemment pas au panier de la ménagère, mais sûrement le petit fils de celle-là y trouvera dans 20 ans voire plus son bonheur tracé. Ceci, c’est pour dire que la souveraineté n’est pas à l’aune des « Soleils des indépendances » mais à celle des ‘’Indépendances très ensoleillées’’. Encore faut-il avoir une conviction profonde pour en saisir tout le sens.
L’entourage civil du Chef de l’Etat, pour ainsi qualifier sa cour de conseillers laisse perplexe le fin observateur qui peut facilement percevoir le peu de conviction qui anime certains de ses membres, d’où la nécessité d’un recadrage voire d’un toilettage.
Oumar Sanda