AES/Souveraineté, lutte contre l’insécurité et développement : les mots d’un débat qui divise

Écrit par Direct niger. Affichages : 31Publié dans Tribune & Opinion

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Sommes-nous vraiment engagés dans la voie de la souveraineté ? Ou bien comme le pense une opinion encore répandue, notre quête pour l’indépendance véritable en cette ère de transition scandée n’est que de la chimère ou disons une façon pour les tenants du pouvoir actuel de l’espace dite Confédération Alliance des Etats du Sahel (AES) de distraire leurs peuples pour se mettre à l’abris de toute critique sur leur gouvernance ? En d’autres termes plus explicites, s’agit-il occuper le peuple pour mieux le diriger ?


Il n’est pas rare d’entendre dans les causeries de rue ou de salon cette interrogation posée sous forme d’affirmation. Ainsi donc, nombreux sont ceux qui ne croient pas encore au combat pour la conquête de la souveraineté. Il faut les comprendre, dans la mesure, où peu de nos concitoyens sont capables de lire entre les lignes les événements.


Les transitions en cours au Sahel ont renversé des régimes démocratiques d’où l’hostilité manifestée à leur encontre par les concitoyens pour qui un régime garantissant l’expression et la manifestation de toutes les libertés fondamentales est meilleur à un régime d’exception. Il n’y pas matière à comparer, tant le choix est clair, dira-t-on. Là n’est pas le débat présent ! L’affiche présente est : souveraineté, sécurité et développement, qu’est-ce qui doit primer ?


A Bamako, tout comme à Ouagadougou et à Niamey, les militaires ont pris le pouvoir évoquant le même motif : la crise sécuritaire. Le combat pour la souveraineté fut adossé après. Et, selon toute évidence, c’est lui qui semble aujourd’hui dominer aussi bien le débat public que les discours des dirigeants militaires actuels.


Combat contre le terrorisme et le grand banditisme qui écument le sahel d’abord, puis combat du développement, ensuite et enfin combat la souveraineté, leur opposent comme schéma de nombreuses voix pour lesquelles c’est cet agencement qui doit prévaloir au risque de s’embourber dans la confusion. Pourtant, les trois sont intimement liés. Il n’y a pas de développement sans sécurité et vice-versa. Aussi, les deux à savoir la sécurité et le développement sont conditionnés par la souveraineté. C’est pourquoi, la primauté doit lui être donnée.


Le débat sur la souveraineté, faut-il le souligner, ne date de maintenant. Déjà, au sortir de la période coloniale, les pères fondateurs du panafricaniste, les quelques régimes progressistes ayant émergé sur le Continent à l’instar de celui d’Ahmed Sékou Touré en Guinée, par exemple, ainsi que les milieux estudiantins et les corporations des travailleurs ont toujours dénoncé les indépendances africaines fortement teintées d’un goût d’inachevé. Autrement dit, elles devraient être refaites pour vivre une souveraineté véritable. C’est ainsi que le flambeau de cette lutte permanente sera transmis de génération en génération dans l’espoir de le voir un jour rayonnant, rayonné tout le Continent.


Les juntes militaires au Mali, au Niger et au Burkina Faso n’ont donc fait que de reprendre ce combat populaire, de le porter et d’en endosser le leadership. Et, cette fois, c’est loin des simples discours. Elles ont osé franchir la ligne rouge, allant directement et sans langage diplomatique, à la dénonciation des accords et partenariats postcoloniaux léonins et leur remise en cause.


Pour ce qui nous concerne, au Niger, les acquis obtenus sont indéniables. Les décisions et les actions des dirigeants de la transition autour de l’uranium notamment la reprise du gigantesque gisement d’Immouraren des mains de la société ORANO (‘’géant’’ français du nucléaire), en lui seule, est une grande victoire et traduit cette jouissance de la souveraineté.


En plus de 60 ans d’indépendance ‘’Cha Cha’’ pour reprendre cette caricature du célèbre chanteur congolais Joseph Kabaselé alias Grand Kallé, l’exploitation de ce précieux minerai par cette multinationale n’a apporté que malheurs pour le Niger et les Nigériens (dégradation de l’écosystème, contamination de la nappe phréatique, maladies, décès, etc.)


Au regard de ce qui précède, il est tout à fait logique que le citoyen averti soit impressionné par cet acquis important obtenu sur l’uranium. Dans cette droite ligne, celle de l’affirmation de notre souveraineté sont salués la dénonciation de l’accord militaire avec les Etats Unis, le départ des forces étrangères principalement celui des forces françaises qui apparaissaient, aux yeux de nombreux citoyens, comme une force d’occupation.


L’acquis le plus marquant est d’ordre psychologique. Les armées occidentales chassées démystifiées au Sahel, l’image de l’impérialisme foulée aux pieds en Afrique, tombe alors tout un mythe, celui des Etats puissants dominateurs éternels des pauvres Pays. Même si pour notre malheur, les transitions militaires au Sahel venaient à s’arrêter-là, ces acquis déclinés ci-dessus y demeureront.


Oumar Sanda