Niger: Lancement officiel de la campagne ‘’HAKIN YARA’’ L’enregistrement des naissances d’un million d’enfants à l’ordre du jour
Le vendredi 28 mai 2024, le Secrétaire général adjoint du Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité Publique et de l'Administration du Territoire, le Commissaire général de Police Abdourahamane Ayouba, a présidé la cérémonie officielle relative au lancement de la campagne nationale ‘’HAKIN YARA’’ à l’Hôtel Bravia de Niamey.
L’objectif principal est, entre autres, l’attribution d’une identité juridique à un million d’enfants d’ici la fin de cette année 2024.
Etaient présents à cette cérémonie de lancement de la Campagne ‘’HAKIN YARA’’, la Représentante de l'UNICEF au Niger, Madame Djanabou Mahondé, le Chef de la Coopération de l'Union Européenne au Niger, Mr. Geza Strammer, le Secrétaire Général du Gouvernorat de Niamey, des cadres du ministère de l’Intérieur, les responsables de la Direction Générale de l'État Civil, des Migrations et des Réfugiés (DGEC/M/R), les représentants des ministères sectoriels, les institutions de l’État et administrations publiques, les Agences du Système des Nations Unies au Niger (SNU Niger), les ONG nationales et internationales partenaires, les organisations de la société civile, les organisations féminines et des jeunes ainsi que plusieurs autres invités.
Il y a lieu de rappeler que cette campagne a été mise en œuvre par le Ministère de l’Intérieur, à travers la Direction de l’État civil avec notamment le soutien financier de l’Union Européenne (UE) et l’appui technique de l’Unicef.
Notons que cette campagne nationale ‘’HAKIN YARA’’ rentre dans le cadre de la réforme et de la modernisation de l'état civil au Niger afin d’atteindre les objectifs de Développement Durable (ODD 2030), consistant à garantir à tous une identité juridique, notamment grâce à l'enregistrement des naissances, cette campagne vise à faire passer le taux d’enregistrement des naissances au Niger de 62,86% en 2023 à 87% d’ici fin cette année 2024. Toujours à travers cette même campagne, il est prévu une mobilisation sociale pour la déclaration des faits d'état civil, comme les naissances et aussi de procéder à l’établissement et la délivrance d'actes de naissance aux enfants.
Dans son allocution, le Secrétaire général de la Région de Niamey représentant, le Gouverneur, s’est réjoui du choix porté sur la capitale Niamey pour abriter cette cérémonie de lancement de la campagne nationale ‘’KAKIN YARA’’ relative à l’enregistrement des naissances, dont l’importance des enjeux n’est plus à démontrer pour l’ensemble des circonscriptions administratives et autres collectivités territoriales, surtout en matière de planification du développement local.
En prenant la parole, la Représentante de l’UNICEF au Niger, Madame Djanabou Mahondé s’est penchée sur les progrès réalisés depuis une dizaine d’années par le Niger et ses partenaires dans le cadre de la réforme et de la modernisation de son système d'enregistrement des faits d'état civil. Selon elle, à la fin des années 2000, deux enfants sur trois n'étaient pas enregistrés mais, aujourd'hui, 64% des enfants de moins d'un an sont enregistrés. C’est pour cette raison qu’elle a déclaré s’être réjouie de voir ces progrès.
Toujours dans son intervention, la Représentante de l’UNICEF au Niger a déclaré ‘’Nous le savons tous et toutes, c'est en enregistrant sa naissance que la société reconnaît pour la première fois l'existence et l'identité d'un enfant. Le droit d'être reconnu comme une personne par la loi est crucial pour bénéficier d'une protection tout au long de la vie, et constitue une condition préalable à l'exercice de tous les autres droits - tels que l'éducation, les soins de santé et les opportunités économiques’’ tout en ajoutant que l'acte de naissance était la preuve de cette identité juridique et c’est sur cette base que les enfants pouvaient obtenir une nationalité, échapper au risque d'apatridie et bénéficier d'une protection contre la violence et l'exploitation. Elle n’a pas manqué d’explique l’objectif de l’UNICEF dans l’assistance du gouvernement du Niger à la réalisation de l'enregistrement universel des naissances pour tous les enfants de moins de 5 ans d'ici 2030 et ce, conformément aux objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.
La Représentante de l’UNICEF au Niger n’a pas manqué d’expliquer que, depuis 2017, la mise en œuvre du Programme d'Appui à la Réforme de l'État Civil (PAREC) a été déployée pour soutenir la modernisation du système d'enregistrement civil au Niger, pour un montant de 9,8 millions d'euros, sous la direction du Ministère de l'Intérieur avec le soutien financier de l'Union Européenne. Cette action concerne la révision des textes, politiques et lois sur l'état civil au Niger ; l’informatisation et la numérisation du système d'état civil ; et la communication pour la mobilisation sociale et l'engagement communautaire en faveur de l'enregistrement des faits d'état civil.
Toujours selon Mme Djanabou Mahondé, les résultats obtenus dans le cadre du PAREC sont l'adoption de la loi portant régime de l'état civil au Niger et son décret d'application, la délivrance de 2017 à 2023 de 3 633 117 actes de naissance aux enfants déclarés dans les délais, le renforcement des services de l'état civil par la formation de 9500 agents et officiers de l'état civil, 98 magistrats et greffiers sur les nouveaux textes, ainsi que l'informatisation de 100 communes des 8 régions du Niger.
Aussi, selon la Représentante de l’UNICEF au Niger, des actions de communication ont été menées auprès de 8500 villages, sensibilisant 1 249 500 personnes sur l'importance des actes de l'état civil, ainsi que l'opérationnalisation de plus de 13 913 centres de déclaration dans les villages et formations sanitaires, permettant au Niger d'avoir une interopérabilité proche de 100% entre l'état civil et les systèmes de santé, un indicateur essentiel de progrès. Pour Mme Djanabou Mahondé, l'informatisation du système d'état civil au Niger a marqué un tournant décisif dans l'amélioration du système d'état civil, et permettrait l'accessibilité aux services à toute la population tout en garantissant leur performance et leur efficacité.
Poursuivant son intervention, La Représentante de l’UNICEF au Niger a déclaré que la présente campagne ‘’revêt pour nous une importance capitale’’ puisqu’en effet, maintenant qu’ils avaient modernisé le système d'enregistrement des faits d'état civil, leur mission était d'assurer que les familles et les communautés aient accès à l'information afin que tous les enfants au Niger pouvaient bénéficier de leur droit à l’identité.
Elle a continué son discours en disant qu’ils étaient tous convaincus que l'enregistrement de naissance était un droit fondamental pour tous les enfants, et que ‘’les enfants du Niger devraient tous avoir un acte de naissance, quelle que soit la région, la commune ou le village d'où ils viennent’’.
Toujours selon elle, l’accompagnement des efforts de l'État par les partenaires techniques et financiers, en adéquation avec les priorités nationales, a permis à l'UNICEF d'accompagner le lancement de cette campagne nationale à travers la mise en œuvre de l'initiative ‘’HAKIN YARA’’ pour l'enregistrement des naissances à l'état civil, afin de contribuer à l'enregistrement des enfants dans les délais et à la délivrance d'au moins un (1) million d'actes de naissance d'ici fin 2024. Elle continué en disant que l’UNICEF va continuer à se concentrer sur l'enregistrement des naissances pour tous les enfants de moins d'un an, afin d'accompagner le Niger à atteindre les Objectifs de développement durable des Nations Unies ; tout en travaillant avec les communautés et tous leurs partenaires, dans tous les secteurs - éducation, santé, politique sociale ‘’afin que les enfants de tous âges puissent être enregistrés’’
Mme Djanabou Mahondé, poursuivant son intervention a déclaré ‘’l'engagement de l'UNICEF et mon engagement personnel à accompagner le Gouvernement du Niger pour la promotion et la protection des droits des enfants au Niger, dans un contexte de programmation où les ressources financières se font de plus en plus rares.’’
Le Chef de Coopération de l’Union Européenne (UE) au Niger, M. Géza STRAMMER dans son discours rappelé que l’Union européenne et l’UNICEF avaient cofinancé le Programme d’Appui au Renforcement du Système de l’État Civil (PARSEC) suivi du Projet PAREC également cofinancé par le 11e Fonds Européen de Développement (FED). Pour M. Géza STRAMMER grâce à l’appui au PARSEC, la Politique Nationale de l’état Civil (PNEC) et son plan d’actions ont été mis en œuvre afin d’améliorer l’enregistrement des faits d’état civil et de sécuriser le système.
En ce qui concerne la campagne d’enregistrement des naissances pour 1 million d’enfants, selon le Chef de la Coopération de l’UE au Niger, elle va permettre aux enfants nigériens qui vont naître cette année de jouir de l’un de leurs premiers droits, leur enregistrement à la naissance qui garantirait les conditions de la jouissance de leurs autres droits en tant que citoyens.
Il a soutenu enfin la disponibilité de l’Union européenne à continuer son soutien pour des actions au profit direct des populations nigériennes.
Quant au Secrétaire général adjoint du Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire (MI/SP/AT), le Commissaire général Ayouba Abdourahamane a déclaré que ‘’C’est un truisme aujourd’hui de parler de l’importance que présente l’enregistrement des faits de l’état civil pour un État moderne’’ tout en rappelant les trois grandes réformes du système de l’état civil, de l’indépendance à nos jours, opérées par le Niger pour prendre en compte toutes les préoccupations du moment, notamment les questions de bonne gouvernance, de sécurité, de démocratie, de la libre circulation des personnes et de leurs biens et de développement. Selon lui, la dernière réforme était intervenue en 2019 avec l’adoption de la loi N°2019-23 du 1er juillet 2023, portant régime de l’état civil au Niger, son décret d’application et la politique nationale de l’état civil. Selon lui, cette réforme du cadre juridique et politique de l’état civil avait permis d’indexer le fonctionnement du système de l’état civil nigérien sur les normes internationales en la matière.
Revenant sur les délais d’enregistrement des différents faits de l’état civil à savoir les naissances, les mariages, les décès, les divorces et répudiations, le SGA avait rappelé à l’assistance qu’ils sont fixés désormais à 60 jours quel que soit le centre de déclaration ou la nature de l’événement.
Le Commissaire général de Police Ayouba Abdourahamane a expliqué également que l’acte de naissance demeura la pièce maîtresse pour la production de tout document d’identité qui permet aux enfants, dès leur naissance, de disposer des garanties de protection et d’accéder à l’éducation, aux soins de santé, à l’héritage, à la nationalité, etc.
Enfin, le SGA, a terminé son allocution en disant que dans ce nouveau contexte de conquête de la souveraineté nationale, l’état civil avait un rôle primordial à jouer dans l’identification des citoyens, seul gage pour la jouissance de leurs droits et la production des statistiques fiables nécessaires pour la planification du développement à tous les niveaux.
Il est utile de rappeler qu’après cette cérémonie de lancement de la campagne nationale ‘’HAKIN YARA’’ d’autres lancements de cette même campagne suivront bientôt dans les autres régions du pays.
Sani Ibrahim, Direct Niger