L’étude de faisabilité du gazoduc transsaharien mise à jour dans six mois
L’étude de faisabilité du projet du gazoduc transsaharien (TSGP), qui devra relier le Nigeria à l’Algérie via le Niger pour transporter du gaz naturel vers l’Europe, sera mise à jour dans six mois, a annoncé hier, Rachid Zerdani, directeur conseiller du PDG de Sonatrach.
S’exprimant sur les ondes de la radio nationale (Chaine3), M. Zerdani a expliqué que «cette étude sera réalisée dans un délai de six mois par le même consultant qui a mené l’étude initiale, à savoir Penspen».
Les sociétés nationales des trois pays doivent mettre en commun leurs moyens pour en tirer des bénéfices économiques significatifs», affirmant que «les accords signés lors de la 4e réunion ministérielle du comité de pilotage portent notamment sur la mise à jour de l’étude de faisabilité, un contrat de compensation et un accord de non-divulgation de données entre les sociétés d’énergie des trois pays».
Ce projet de gazoduc transsaharien (TSGP), qui vise à acheminer du gaz naturel du Nigeria vers l’Europe en passant par le Niger et l’Algérie, représente un défi majeur pour les trois pays concernés et constitue un enjeu stratégique régional. Rachid Zerdani, conseiller du PDG du groupe Sonatrach, a souligné, hier, lors d’une intervention sur les ondes de la Radio nationale, «l’importance de la participation active des compagnies pétrolières nationales pour concrétiser ce projet d’envergure», insistant sur «la nécessité d’une collaboration étroite entre l’Algérie, le Nigeria et le Niger afin de maximiser les retombées économiques de cette initiative stratégique».
D’une longueur de 4.200 km et nécessitant un investissement estimé à 13 milliards de dollars, le gazoduc transsaharien aura une capacité de transport de 30 milliards de mètres cubes de gaz par an. Selon Zerdani, «ce projet représente bien plus qu’une simple infrastructure énergétique. Il s’agit d’un véritable défi d’intégration régionale.
Selon Zerdani, l’Algérie et le Nigeria, en tant que producteurs et exportateurs majeurs de gaz, disposent d’infrastructures et d’une expertise considérables qui seront mises à profit pour ce projet. Le Nigeria, qui détient les premières réserves de gaz en Afrique, possède déjà des canalisations permettant de transporter le gaz du Sud vers le Nord. De son côté, l’Algérie dispose d’infrastructures gazières au nord et au sud du pays, ce qui offre une flexibilité précieuse pour optimiser le projet. Quant au Niger, ce projet représente une opportunité unique de développer ses infrastructures gazières, un secteur encore sous-exploité malgré son potentiel considérable.
Retombées économiques et sociales
Pour le Niger, «le gazoduc transsaharien est une chance de se doter d’infrastructures modernes et de stimuler son économie», a expliqué Zerdani, soulignant que «l’Algérie et le Nigeria apporteront leur soutien au Niger, notamment en matière de formation des personnels et de transfert de technologies (…). Ce projet va permettre au Niger de bénéficier d’infrastructures gazières qui profiteront à sa population et attireront des investisseurs pour l’exploration et le développement de ses ressources».
En outre, le gazoduc transsaharien vise, selon Zerdani, à répondre à la demande croissante en gaz naturel sur le marché international, en particulier en Europe. «L’Algérie, qui dispose d’unités de liquéfaction et d’une capacité de production de 56 millions de mètres cubes de GNL, jouera un rôle clé dans l’exportation du gaz vers l’Europe. L’objectif est de diversifier les destinations et de conquérir des parts de marché à l’international, que ce soit en Europe, en Asie ou dans d’autres régions où la demande en gaz est en pleine croissance».
Un contexte international volatile
En outre, développe Zerdani, «le marché gazier mondial est actuellement marqué par des tensions importantes, notamment en raison de la crise ukrainienne, de l’émergence du gaz américain et de la volonté de l’Europe de réduire sa dépendance au gaz russe». Dans ce contexte, «le projet de gazoduc transsaharien pourrait offrir une alternative stratégique pour répondre à la demande européenne en gaz naturel». Cependant, Zerdani a reconnu que «la volatilité des prix du gaz sur le marché international représente un défi majeur pour le projet». «Il faudra étudier les possibilités pour le gazoduc transsaharien de trouver sa place et de placer des volumes supplémentaires sur le marché».
Malgré ces défis, Zerdani reste optimiste quant à l’avenir du marché gazier. «Le gaz s’impose de plus en plus dans le mix énergétique mondial, notamment pour stabiliser la production électrique et soutenir d’autres industries», a-t-il affirmé, précisant que «le projet de gazoduc transsaharien, en plus de renforcer la coopération entre l’Algérie, le Nigeria et le Niger, pourrait contribuer à la sécurité énergétique de l’Europe et à la diversification des sources d’approvisionnement en gaz».
Du reste, admet-il, «le gazoduc transsaharien représente un projet ambitieux qui pourrait transformer le paysage énergétique de la région. En associant leurs efforts, l’Algérie, le Nigeria et le Niger ont l’opportunité de renforcer leur position sur la scène internationale tout en stimulant leur développement économique et social».
Nadine Oumakhlouf, la Voie de l'Algérie