COLDEFF: Entre résultats mitigés et nécessité de rectifier le tir !
Crise de leadership, accuse-t-on, pour expliquer le bouleversement au niveau de la Commission de Lutte contre le Délinquance Economique, Financière et Fiscale (COLDEFF), il n’y a pas que cela. Un peu plus de 50 milliards recouvrés en 17 voire 18 mois, faut-il s’en réjouir ou en pleurer ? Au sein de l’opinion, c’est la déception et de la désillusion, au regard, dit-on des résultats obtenus en deçà de ceux des autres pays. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Et comment rectifier le tir ?
Au départ déjà, c’était mal parti. L’on se souvient de tollé suscité par la création de cette institution dans le milieu de la justice. Successivement, les magistrats à travers leur principal syndicat, le SAMAN (Syndicat Autonome des Magistrats du Niger) et les avocats par le biais du Barreau avaient manifesté leur mécontentement de voir les règles et procédures judiciaires foulées aux pieds dans les démarches de travail de la COLDEFF. Problème confiance donc entre la Justice et l’institution en charge de l’assainissement des mœurs publiques, voilà qui présageait d’une suite difficile de la mission de la COLDEFF.
Née sur les cendres de la Haute Autorité de la Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), la COLDEFF s’en est-elle vraiment inspirée ? Manifestement non ! L’essentiel du personnel de la HALCIA constitué de cadres d’appui et d’enquêteurs formés par l’Etat ayant été reversé à l’administration publique, chacun à son service d’origine. Pourtant, cette institution créée sous la première mandature d’Issoufou Mahamadou comptant à son actif plus d’une décennie d’expériences avait commencé à donner des très bons résultats avec les magistrats Ghousmane Abdourahamane et Maï Moussa Elhadji Basshir.
On peut aussi pointer toute l’appréhension nourrie au sujet de la CODEFF par un nombre important de nos concitoyens, qu’elle devrait engager une chasse aux sorcières contre les partisans du régime déchu. Aller chercher donc de l’argent là où ce n’est pas forcément évident de le trouver. La COLDEFF est-elle tombée dans ce piège ?
Il y a donc lieu pour le nouveau président de la COLDEFF, le Colonel des Eaux et Forêts Aghali Zenou de remettre sur les bons rails l’institution qui vient de lui être confiée afin de remplir valablement les missions confiées à elle par le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Pour cela, il faut mettre fin à toute fixation sur une catégorie de citoyens pour se concentrer sur sa mission de recouvrement de sommes indument perçues au détriment de l’Etat. Les niches fiscales détournées vers des objectifs autres que ceux pour lesquels elles ont été octroyées par exemple, on en trouve sous tous les régimes qui se sont succédé.
Oumar Sanda